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Venezuela : Chavistes et chefs d’Etat disent adieu à Hugo Chavez

Le Vif

Les funérailles d’Etat du président vénézuélien Hugo Chavez ont débuté ce vendredi à l’Académie militaire de Caracas en présence de 32 chefs d’Etat, dont le dirigeant cubain Raul Castro et le président iranien Mahmoud Ahmadinejad.

Après la lecture des noms des présidents étrangers présents à la cérémonie, un orchestre symphonique a joué l’hymne de la république vénézuélienne. Le cercueil d’Hugo Chavez, entièrement recouvert du drapeau jaune, bleu et rouge étoilé du Venezuela était exposé au centre du salon d’honneur de l’Académie militaire de Caracas.

A l’extérieur de l’enceinte militaire où une foule canalisée de Chavistes vêtus de rouge, attendaient la fin de la cérémonie pour pouvoir s’incliner à leur tour devant leur président, décédé mardi d’un cancer. Ils étaient plusieurs dizaines de milliers et leur file serpentait sur plusieurs kilomètres. La journée a été déclaré fériée au Venezuela, où la cérémonie était retransmise en direct par toutes les télévisions. L’alcool est interdit à la vente pendant une semaine.

Les chefs d’Etat de gouvernement étrangers, dont la plupart des dirigeants latino-américains, ont formé une haie d’honneur près du cercueil d’Hugo Chavez et observé un moment de recueillement.

A l’extérieur du bâtiment blanc à colonnades, la plus grande partie de l’imposante esplanade militaire était fermée au public par des militaires.

La foule était canalisée sur la droite de l’esplanade, derrière des barrières métalliques protégées par des militaires, visiblement pour éviter des débordements et garantir la sécurité des chefs d’Etat étrangers.

Le controversé dirigeant bélarusse Alexandre Loukachenko, a été l’un des premiers à faire son apparition, saluant la foule en levant le poing gauche. Presque tous les présidents latino-américains étaient présents, les alliés de l’axe socialiste, comme le Cubain Raul Castro ou le Bolivien Evo Morales, mais aussi des présidents de droite, comme le Colombien Juan Manuel Santos.

La présidente brésilienne, Dilma Rousseff, venue s’incliner jeudi soir devant la dépouille de Hugo Chavez, et la présidente argentine Cristina Kiichner, qui avait également fait le déplacement, sont en revanche rentrées dans leurs pays sans attendre la cérémonie.

Parmi les figures les plus remarquées, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, est venu s’incliner devant le leader « anti-impérialiste » sud-américain, qui avait également tissé des liens diplomatiques avec la Syrie de Bachar al-Assad et la Libye à l’époque de Mouammar Kadhafi. Hugo Chavez était le principal allié de Téhéran en Amérique latine.

Délégations européennes et américaines de second rang

Les Etats-Unis, cibles de prédilection des diatribes enflammées de Chavez, et les Européens, n’ont envoyé que des délégations de second rang. A l’exception de l’Espagne, qui, protocole oblige, a dépêché le prince héritier Felipe.

La dépouille du président Chavez a été vénérée par deux millions de partisans depuis mercredi selon les autorités. Embaumé « comme Lénine », son corps sera exposé au public au moins sept jours de plus.

Vendredi soir, l’ancien vice-président Nicolas Maduro, désigné par M. Chavez comme son dauphin, prêtera serment comme président par intérim. Il « convoquera des élections en temps voulu, dans les 30 jours à venir, conformément à la Constitution », a annoncé le président de l’Assemblée nationale, Diosdado Cabello. M. Maduro a fait sensation jeudi en annonçant que le leader sud-américain serait « embaumé » comme les grands révolutionnaires du XXe siècle, Lénine, Hô Chi Minh et Mao Tse Toung et que son corps serait « visible au moins sept jours de plus » pour que « tous ceux qui le veulent puissent le voir ».

Les autorités vénézuéliennes ont toutefois livré des informations contradictoires sur le moment où la dépouille de M. Chavez serait transférée à « la caserne de la Montagne », à l’ouest de Caracas, où un Musée de la Révolution bolivarienne est en construction.

Jeudi soir, sitôt arrivés à Caracas, le président cubain Raul Castro, suivi de la présidente brésilienne Dilma Rousseff, de son prédécesseur Luiz Inacio Lula de Silva puis du président équatorien Rafael Correa se sont recueillis devant la dépouille d’Hugo Chavez. Hugo Chavez était considéré comme le principal allié politique et économique de Cuba et se présentait souvent comme le fils spirituel du père de la Révolution cubaine, Fidel Castro.

L’annonce de la mort du chef de file de la gauche latino-américaine a provoqué une véritable onde de choc au Venezuela et ouvre une période d’incertitude. L’opposition observe une réserve de circonstance. Mais le massif et ultime déferlement d’idolâtrie chaviste de cette semaine ne fait pas l’unanimité.

« La seule chose que Chavez a faite a été de répandre la haine et la division. Il veulent faire de lui un martyr. Cela me fait rire », grognait José, un programmateur informatique de 28 ans. En 14 ans au pouvoir, Hugo Chavez a ravivé la flamme de la gauche latino-américaine « anti-impérialiste » sur le continent latino-américain. Au Venezuela, il a forgé sa popularité dans les couches défavorisées avec des programmes sociaux financés par une manne pétrolière infinie, et grâce à son charisme exubérant. Mais il a aussi fortement creusé les clivages de la société vénézuélienne, sans parvenir à endiguer les pénuries et une violence urbaine croissante.

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