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Va-t-on bientôt abandonner le changement d’heure ?

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Le Parlement européen réclame une « évaluation » détaillée du système de changement d’heure, qui pourrait aboutir à sa révision. Cette pratique a-t-elle encore un sens ?

Chaque année, nous procédons deux fois à un changement d’heure. Mais cette opération a-t-elle encore une raison d’être ? Souvent remis en question, le principe du changement d’heure a fait l’objet d’un débat au Parlement européen. Une coalition informelle d’environ 80 députés européens veut supprimer cette pratique et a incité le parlement à se prononcer. Par 384 voix pour (153 voix contre), les parlementaires, réunis en session plénière à Strasbourg, ont demandé à la Commission européenne de « lancer une évaluation complète » du système actuel et, si nécessaire, de « présenter une proposition pour la réviser ».

Harmonisé par une directive européenne

Pour l’instant, une directive européenne règle le passage de l’heure d’hiver à l’heure d’été et inversement. Le principe veut que tous les Etats européens changent d’heure durant le dernier week-end de mars et durant le dernier week-end d’octobre.

Le Royaume-Uni réalisait déjà cette opération avant la Seconde Guerre mondiale. Déjà pratiqué dans le Benelux et en France fin des années 70, le passage à l’heure d’été a été introduit dans l’ensemble des pays de l’UE début des années 80. C’est une directive du Parlement européen qui a voulu l’harmonie au sein des pays membres pour faciliter les échanges, les transports et les communications. Au total, plus de 70 pays du monde pratiquent le changement d’heure, mais pas tous aux mêmes dates.

Avantages et inconvénients

Pour les partisans du changement d’heure, on évoque surtout un objectif d’économie d’énergie. Mais selon la coalition de députés emmenée par le Tchèque Pavel Svoboda, cette mesure ne donne pas les effets escomptés.

Les détracteurs de la pratique dénoncent également des conséquences sur la santé. Cela perturberait notamment notre horloge interne et notre rythme de vie. Certaines personnes, qui ont une horloge biologique sensible, mettent en effet plus de temps à s’adapter aux décalages. Parmi eux, les bébés et les jeunes enfants, qui sont souvent dérangés par ces changements. On pointe également des « effets secondaires », comme une augmentation des cambriolages et des accidents de la route. « De nombreuses études, si elles n’aboutissent pas à des conclusions définitives, ont indiqué l’existence d’effets négatifs sur la santé des êtres humains » de ces décalages d’une heure intervenant les derniers week-ends de mars et d’octobre, soulignent les eurodéputés.

Un Européen sur cinq ne serait d’ailleurs pas favorable à cette pratique. « J’ai parlé avec des mères qui ont de petits enfants, des personnes âgées qui ont beaucoup de difficulté, du personnel soignant qui a attiré notre attention », explique la Néerlandaise Annie Schreijer-Pierik.

Heure d’été ou heure d’hiver ?

Imaginons qu’on en vienne à abandonner le changement d’heure, il resterait encore une question de taille : reste-t-on à l’heure d’été, ou à l’heure d’hiver ? Le groupe de députés n’exprime pas de préférence, du moment que le sujet est mis à l’agenda politique européen. Maintenant que le Parlement européen s’est prononcé, il revient à la Commission européenne de trancher pour aller, ou non, vers un changement de la directive.

En Belgique, les députés Gauthier Calomne et David Clarinval (MR) ont déposé une résolution à la Chambre sur le sujet, demandant une telle évaluation, en espérant à terme se passer du changement, rappelle l’agence Belga.

(avec Belga et AFP)

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