© Reuters

USA : vendre tout un musée pour renflouer les caisses

Le Vif

La ville de Detroit souhaiterait vendre l’ensemble des oeuvres de son musée, le Detroit Institute of Art, l’un des plus grands des Etats-Unis, pour rembourser une dette publique qui s’élève à 15 milliards de dollars.

Symbole américain de la pauvreté et de la violence urbaine, Detroit avait été placée sous tutelle de l’Etat en mars dernier. Kevyn Orr avait été nommé « emergency manager » pour redresser la barre de la dette publique de 15 milliards de dollars (11.5 milliards d’euros) qui plombe les comptes du berceau de l’ industrie automobile, alias Motor City.

Rick Snyder, gouverneur de l’Etat du Michigan, signait au nouveau gestionnaire un blanc-seing en permettant de prendre toutes les décisions qui lui semblaient nécessaires, sans avoir à les soumettre à la commission municipale, selon le blog Big Browser qui a révélé l’affaire.

Après avoir préconisé, dans un rapport, mi mai, les très classiques coupes dans les budgets des fonctionnaires et des retraites, Orr sort de sa manche la solution ultime à tous ses problèmes: vendre la collection du musée municipal, le Detroit Institut of Art. Evaluées, selon les sources, entre 2,5 milliards et 15 milliards de dollars (businessweek), les quelque 66 000 pièces du DIA, comptent dans leur rang des natures mortes et un portrait de la période bleue de Picasso, des Rembrandt, des Matisse, des Renoir ou encore des Van Gogh, dont un autoportrait estimé, précise Big Browser, entre 100 et 150 millions de dollars à lui seul.

« Les collections appartiennent au public »

La levée de bouclier a été immédiate. Si le directeur du célèbre Met de New York (Metropolitan Museum of Art) et le président de l’Alliance américaine des musées condamnent fermement cette proposition, le musée a engagé l’avocat spécialiste en faillite, Richard Levin, et martèle, que « les collections du musée appartiennent au public » rappelle Arrêt sur Images.

Le cas ne serait pourtant pas si simple, selon le site Slate, qui relève que « le statut de la collection n’est pas uniforme, toutes les pièces n’ont pas été achetées par la ville, certaines proviennent de dons de collectionneurs. » Un casse-tête juridique qui fait froid dans le dos.

Par Iris Mazzacurati

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire