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USA : nouveau compte à rebours pour Hank Skinner

Condamné à mort au Texas, il doit être exécuté le 9 novembre prochain. Un tribunal lui a refusé les tests ADN qu’il réclame depuis des années pour prouver son innocence.

Le compte à rebours est enclenché pour Hank Skinner, 49 ans, condamné à mort au Texas pour le meurtre de sa compagne et des deux fils de celle-ci le soir de la Saint Sylvestre 1993. Alors qu’il doit être exécuté le 9 novembre, l’un de ses derniers espoirs vient de s’envoler. En effet, un tribunal lui a refusé jeudi les tests ADN qu’il réclame depuis des années pour prouver son innocence. Son épouse française Sandrine Ageorges, directrice de production et militante abolitionniste, raconte son combat pour faire libérer son mari dans un documentaire, « Un moment dans la vie de Hank Skinner », qui sera diffusé le 8 novembre sur Canal+. Pour LEXPRESS.fr, elle réagit à la décision du juge texan.

Le tribunal du 31e district du comté de Gray vient de rejeter la troisième demande de tests ADN déposée par Hank Skinner. Pour quelle raison?

Aucune raison n’a été donnée. Aucune explication ou interprétation juridique du nouveau texte de loi [voté au printemps dernier par le Congrès texan qui élargit les possibilités de recours aux tests ADN] n’a été avancée pour justifier ce rejet.

Comment expliquer cet acharnement à refuser la requête de votre mari?

Cela s’appelle de la corruption. Dans cette affaire, des magistrats et des politiques se couvrent les uns les autres depuis dix-sept ans maintenant. Ils ont tous beaucoup trop à perdre si la vérité devait voir le jour. Par ailleurs, je me demande si certains des scellés dont Hank demande l’analyse n’auraient pas été détruits. Récemment interrogée sur les deux couteaux, le torchon et la veste trouvés sur les lieux du crime, l’avocate générale en charge de son dossier, Lynn Switzer, a déclaré: « Je n’ai pas accès à ces scellés et je ne peux pas vérifier leur existence. »

Existe-t-il encore des recours possibles?

Bien sûr. Nous nous attendions à ce rejet, qui reste assez logique de la part du juge qui a condamné Hank à mort, signé quatre mandats d’exécution, rejeté ses deux premières demandes de tests ADN comme il a rejeté tous ses appels depuis quinze ans. Le vrai débat va avoir lieu devant la cour d’appel. Ce que nous espérons, sans garantie pour le moment, c’est qu’elle reporte la date d’exécution ou accorde un sursis illimité pour se donner le temps d’instruire ce dossier. Ce n’est pas en trois jours ouvrables que le débat va pouvoir avoir lieu, surtout avec un texte de loi tout nouveau qui n’a jamais été interprété et pour lequel il n’existe aucune jurisprudence!

La Cour suprême des Etats-Unis, qui a accordé à Hank Skinner, en mars dernier, le droit de saisir un tribunal fédéral pour demander ces tests peut-elle intervenir?

Non, le nouveau texte de loi est une loi d’Etat qui ne tombe donc pas sous le coup de la juridiction fédérale. La seule chose qui nous permettrait de nous pourvoir à nouveau devant la Cour Suprême serait une interprétation ou une décision de la cour d’appel qui présenterait une ou plusieurs violations constitutionnelles. Nous ne pourrons le savoir que lorsque cette cour d’appel aura statué sur le dossier.

Par Anne Vidalie, L’Express.fr

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