Image de l'arrestation de Sandra Bland © Reuters

USA: mort suspecte d’une Noire après son arrestation

Le Vif

La mort en détention d’une femme noire, présentée comme un suicide par les autorités du Texas (sud), éveille les soupçons sur fond de tensions raciales aux Etats-Unis.

Les procureurs rendu public l’enregistrement d’une caméra vidéo attestant que personne n’était entré ou sorti de la cellule de Sandra Bland, 28 ans, avant la découverte de sa dépouille mortelle.

Les images de son arrestation proviennent de la caméra embarquée placée sur le véhicule du policer blanc, qui dans un premier temps stoppe la jeune femme, lui reprochant de n’avoir pas mis son clignotant alors qu’elle changeait de voie sur une route. Le ton monte alors entre les deux protagonistes. La jeune femme refuse de sortir de son véhicule et le policier brandit ce qui semble être un pistolet taser, puis extrait de force Mme Bland de sa voiture, avant de la menotter. La suite de la scène se déroule près du véhicule, mais hors du champ de la caméra et on entend des hurlements et insultes de la jeune femme reprochant au policier d’avoir heurter sa tête contre le sol.

Le policier accuse lui la jeune femme de l’avoir frappé et de s’opposer à l’arrestation. « Je pense que quiconque a vu cette vidéo est d’accord avec moi pour dire que Sandra Bland ne méritait pas d’être arrêtée », a réagi Royce West, un élu du Sénat local. Dan Patrick, un haut responsable texan, a qualifié l’affaire de « tragédie », affirmant: « Elle a perdu la vie en prison, c’est là-dessus que nous devons nous focaliser ».

Surtout qu’une autre vidéo montrant l’interpellation de la jeune Noire attise les doutes, après une série de bavures policières depuis un an contre des Noirs aux Etats-Unis. On la voit plaquée au sol après avoir été arrêtée car elle n’avait pas mis son clignotant pour changer de file. « Merci d’enregistrer », dit-elle, « pour un clignotant, me maintenir au sol et tout ça », dit-elle, alors qu’elle est emmenée menottée dans la voiture de police. La vidéo circulait largement sur les médias sociaux sous le hashtag #IfIDieInPoliceCustody (#SiJeMeursEnGarde-à-vue). Si Sandra Bland a souffert de dépression par le passé, sa famille a insisté sur le fait que se suicider n’était absolument pas dans sa personnalité.

Ses proches ont demandé une autopsie indépendante car ils ne croient pas à la conclusion du médecin légiste local. « Sur la base de la Sandy que je connais, c’est inconcevable », a déclaré sa soeur Sharon, lors d’une conférence de presse. La jeune Noire était sur le point de commencer un nouveau travail dans son université près de Houston, lorsqu’elle a été arrêtée le 10 juillet à 16H30. Elle a été retrouvée morte dans sa cellule le 13 juillet à 09H00, selon le shérif du comté de Waller.

Elle a été arrêtée pour « agression sur fonctionnaire » après avoir « argumenté et avoir été peu coopérative » lors d’un contrôle de la circulation, a déclaré le ministère texan de la sécurité publique, dans un communiqué. Une enquête préliminaire du ministère a déterminé que le policier l’ayant arrêtée a enfreint « les règles de courtoisie » et les procédures concernant les contrôles de circulation. Le FBI supervise l’enquête. « A la fin de la procédure locale, le FBI examinera tous les éléments pour déterminer si la législation pénale fédérale a été violée », a précisé le FBI dans un communiqué.

La jeune femme était une militante du mouvement « BlackLivesMatter » né lors de manifestations, parfois violentes, suscitées par la mort notamment d’un jeune Noir tué par un policier à Ferguson (Missouri). « On ne peut pas s’empêcher d’être furieux quand on voit une situation où, clairement, la vie des Noirs ne compte pas », disait Sandra Bland dans une vidéo postée sur sa page Facebook. « Vous pouvez être là, vous rendre à la police et quand même être tué ».

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