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USA: les chefs du renseignement secoués au Congrès sur Trump et la Russie

Le Vif

Deux chefs du renseignement américain ont affirmé au Congrès mercredi ne jamais avoir subi de pression de la Maison Blanche mais ont été mis en difficulté lorsqu’ils ont été questionnés sur le contenu précis de leurs discussions avec Donald Trump sur la Russie.

L’audition parlementaire de ces hauts responsables, très attendue, intervenait alors que l’enquête sur une éventuelle collusion entre des proches de Donald Trump et la Russie atteint le premier cercle du président, lui-même soupçonné d’avoir limogé en mai le patron du FBI, James Comey, afin d’entraver les investigations.

Quelques heures avant le début des auditions, le dirigeant américain a d’ailleurs nommé le remplaçant de M. Comey: Christopher Wray, un juriste relativement peu connu, ancien haut responsable de la Justice sous George W. Bush dans les années 2000. Il devra être confirmé par le Sénat.

Dans des déclarations pesées au trébuchet, Dan Coats, directeur du Renseignement nommé cette année, et Mike Rogers, directeur de l’agence d’espionnage NSA depuis trois ans et demi, ont déclaré lors d’une audition publique devant la commission du Renseignement du Sénat qu’ils n’avaient jamais subi de pression pour orienter « une enquête en cours », dans le cas du premier, et pour « faire quoi que ce soit d’illégal, d’immoral, de contraire à l’éthique ou d’inapproprié », dans le cas du second.

Mais leur a-t-on « demandé » d’influencer une enquête en cours, a insisté le sénateur républicain Marco Rubio ?

« Je ne m’aventurerai pas dans cette direction lors d’une audition publique », a répondu Dan Coats, visiblement mal à l’aise et redoublant de prudence. Il a semblé en revanche prêt à répondre aux sénateurs dans un cadre fermé, à huis clos.

« J’en resterai à ma déclaration précédente », a répété Mike Rogers plusieurs fois, refusant absolument de commenter la moindre conversation avec le président américain.

« Vous vous rendez compte qu’il serait plus simple de dire non ? » a relancé le démocrate Martin Heinrich.

« Je ne partage pas en public mes conversations avec le président », a répondu Dan Coats, ancien sénateur républicain, nommé cette année par Donald Trump à son poste.

Malaise

Ils ont de facto refusé de démentir des informations de presse selon lesquelles M. Trump leur aurait demandé, en vain, de publiquement démentir l’existence d’une collusion entre proches de Donald Trump et Moscou. Le Washington Post a aussi affirmé que le président aurait demandé à Dan Coats d’intervenir auprès de James Comey pour classer un volet de l’enquête sur Michael Flynn, ex-conseiller à la sécurité nationale.

Les sénateurs, démocrates mais aussi plusieurs républicains, ont été particulièrement agacés par le refus des responsables de répondre aux questions sur leurs échanges avec M. Trump, certains d’entre eux prétextant que ces discussions étaient confidentielles voire classifiées.

« Quelle est la base juridique de votre refus de témoigner devant cette commission ? », a tancé le sénateur indépendant Angus King. « Je ne suis pas sûr d’en avoir », a bredouillé Dan Coats.

De même, le directeur par intérim du FBI, Andrew McCabe, a refusé d’évoquer les circonstances floues du limogeage de James Comey.

L’ex-directeur, silencieux depuis son éviction le 9 mai, témoignera dans la même salle jeudi matin, dans ce qui s’annonce comme un événement.

Le grand oral sera exceptionnellement retransmis sur les chaînes généralistes ABC, CBS et NBC, en plus des chaînes d’information. Des bars de la capitale fédérale ouvriront le matin pour le diffuser.

M. Comey sera appelé à confirmer si, oui ou non, le président américain a fait pression sur lui pour orienter ou faire classer l’enquête sur M. Flynn, ce qui ressemblerait à une tentative d’entrave de la justice, un délit qui, selon des élus, justifierait l’ouverture d’une procédure de destitution.

Selon ABC et CNN, M. Comey ne devrait pas aller jusqu’à accuser le président d’obstruction, mais il aurait l’intention de démentir certains propos de M. Trump, qui a notamment affirmé en mai que l’ex-directeur l’avait assuré qu’il n’était pas concerné par les investigations. Le dirigeant a aussi sous-entendu qu’il avait des enregistrements de leurs conversations.

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