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USA : le débat sur les armes s’invite dans la campagne présidentielle

Suite à la fusillade d’Aurora, la question de la possession d’armes aux Etats-Unis revient dans l’actualité. Le sujet fait partie de l’histoire américaine et de ses origines. Eclairage.

Chaque fois qu’un massacre comme celui d’Aurora a lieu, la discussion concernant les armes s’intensifie pour retomber dans l’oubli. Pas de changements, pas de lois plus sévères, pas de prises de position. Les massacres de Columbine, du Virginia Tech n’ont pas déclenché l’ombre d’une nouvelle façon de gérer ce vieux problème.

Brève histoire du deuxième amendement La codification du droit de porter des armes est inscrite dans le Bill of Rights. Elle s’inscrit dans la peur du peuple de se voir désarmer par le gouvernement fédéral voulant imposer ses règles via une armée. Ce qui ressort est donc une profonde méfiance envers le pouvoir constitué et l’importance pour les citoyens de se protéger de tous types de dégénérations politiques.

Le concept vient d’Angleterre et date du XII siècle. Bien évidemment, les colons protestants, tout comme les sujets britanniques, l’ont importé sur le sol américain.

Dans la sentence du 26 juin 2008, « District of Columbia v. Heller », la Cour suprême a souligné la centralité de ce principe en ordonnant que l’autodéfense soit un élément central du droit.

Débat autour de la possession des armes Le deuxième amendement constitue un pilier fondamental de la société et de la politique américaine. Il est aussi l’objet de nombreux débats à cause de son interprétation controversée. D’après le Parti républicain, le port d’armes est autorisé pour tous les citoyens sans condition ; c’est ainsi un droit inaliénable comme la liberté de religion, d’expression. Les démocrates répliquent que le port d’armes n’est autorisé que dans le contexte d’une « milice bien organisée », et n’est pas censé être un droit illimité.

Historiquement, c’est l’interprétation républicaine qui domine. Il faut aussi considérer l’énorme poids exercé par la National Rifle Association (NRA), le puissant lobby des armes.

Un lobby très bien établi Fondée en 1871, la NRA est à l’origine composée d’anciens combattants de la guerre civile américaine. Il s’agit d’un organisme qui fait pression sur la politique afin que le commerce des armes reste libre et ouvert à tous. Elle reçoit des fonds de l’industrie et finance à travers des donations les hommes politiques. Clairement, la NRA craint une réélection d’Obama. On peut le lire sur son site « Si le Président Obama reste à la Maison Blanche, il aura l’opportunité de nommer à la Cour Suprême des juges hostiles au deuxième amendement ». Dans le cadre des élections présidentielles de 2012, le lobby a déjà dépensé 1,5 million de dollars et financé Mitt Romney a hauteur de 126.440 dollars. Même s’il ne s’agit pas de chiffres importants, il ne faut pas oublier qu’on ne parle ici que de donations directes. La NRA a appelé ses 3 400 000 membres à soutenir financièrement le candidat républicain.

Deux candidats aux antipodes

Mitt Romney est membre à vie de la National Rifle Association. Dernièrement, il a souligné les attendes des Américains pour un Président pro guns, capable de défendre les droits de ceux qui veulent protéger leur maison. Obama, lui, continue à travailler avec le Congrès pour empêcher la possession aveugle d’armes et a reconnu les responsabilités des politiques dans ce dossier. Un positionnement qui pourrait avoir un effet fatal pour l’actuel Président quand on sait que 47% des Américains possède une arme.

Anna M. Volpe

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