Après un demi-siècle de relations conflictuelles, les Etats-Unis et Cuba ont partiellement levé l'embargo économique qui les séparait. Mais le chemin est encore long. © BELGAIMAGE

USA – Cuba : huit signes d’un rapprochement historique

Stagiaire Le Vif

Le 21 mars prochain, Barack Obama sera à Cuba. Cette visite du président américain sur le sol cubain marque l’apogée des relations retrouvées entre les deux pays. Après plus d’un demi-siècle d’isolement, Cuba commence enfin à mettre le nez dehors et suscite de plus en plus l’intérêt de son meilleur ennemi. La preuve par huit.

La visite annoncée de Barack Obama à Cuba, les 21 et 22 mars prochains, marque une nouvelle étape dans le processus de réconciliation entre les deux pays, entamé fin 2014 à l’initiative du président américain. Ce sera d’ailleurs un événement en soi, le dernier chef de l’état américain à avoir foulé le sol cubain étant Calvin Coolidge en…1928.

Depuis plusieurs mois, l’annonce d’Obama de vouloir apaiser les relations américaines avec l’île des Caraïbes a été suivie par une série de changements importants. Petit à petit, les mentalités évoluent au rythme des échanges économiques, transformant Cuba en un nouveau champ de possibilités que l’embargo économique de 1962 a longtemps muselé.

Le ciel s’éclaircit

C’est une première ouverture, partielle, mais significative, de l’embargo économique. Depuis 1962, plus aucun vol long-courrier n’a été toléré entre les côtes US et Cuba. Cette semaine, les deux nations ont mis fin à cet immobilisme en signant un accord de réouverture de leur espace aérien commun. Le département des transports américain a d’ailleurs annoncé une moyenne de 110 vols par jour à partir de l’été prochain. Dans le même sens, le trafic maritime devrait se relancer avec la réinstauration d’une ligne de ferries pour parcourir les 145 kilomètres de mer entre les deux côtes. Des changements qui devraient non seulement booster la fréquentation touristique venue des Etats-Unis, et surtout permettre à de nombreux immigrés cubains de revoir des membres de leurs familles restés au pays.

Airbnb dans les starting-blocks

Le site de réservation en ligne n’a pas attendu longtemps pour pénétrer le marché cubain, annonçant en avril 2015 un catalogue de 1000 adresses à l’intention des citoyens américains. Depuis lors, la demande pour Cuba est en hausse, au point de faire partie des destinations les plus recherchées dans cette partie du globe, devant des valeurs sûres comme Rio de Janeiro, Buenos Aires ou Mexico City.

L’arrivée de l’électronique

MasterCard, la société de paiement américaine, a commencé l’année passée ses premières transactions par carte bancaire vers Cuba. Une avancée remarquée pour le paysage bancaire cubain, même si la pratique aura besoin de temps pour être plus largement exploitée. Il est donc conseillé aux touristes de conserver de l’argent liquide en cas de besoin.

Une 1ère entreprise en 50 ans

Dans un souci de relance économique, l’administration Obama a autorisé cette semaine une entreprise américaine à s’installer légalement sur le sol cubain, une première en plus de 50 ans ! Les heureux élus sont deux entrepreneurs de l’Alabama dont le projet de fabrique automobile sera capable de produire une moyenne annuelle de 1000 tracteurs à destination des fermiers locaux. Une initiative qui vise à dynamiser le secteur agricole et qui a reçu le plein soutien du gouvernement cubain.

Des télécoms’ en hausse

L’un des nombreux talons d’Achille de Cuba reste son accès à l’Internet et aux nouvelles technologies. Mais là aussi, les choses évoluent. En mars dernier, l’américain IDT a noué un partenariat avec l’opérateur national cubain, ETECSA, pour l’installation de lignes d’appel téléphonique entre les deux pays. Le mois passé, de pourparlers ont également eu lieu entre les parties concernées pour un développement plus prononcé du web. Celui-ci est déjà présent sur l’île après que le gouvernement a installé plusieurs dizaines de bornes wifi. Problème : leur utilisation reste relativement contrôlée et son coût encore fort élevé (2$ de l’heure) pour le citoyen cubain. Enfin, Netflix, la plateforme de contenus payante, a annoncé être bientôt disponible dans le pays.

Le retour de l’ambassade US

En août dernier, John Kerry a marqué l’histoire à deux niveaux. D’une part, en devenant le premier secrétaire d’Etat américain à se rendre à Cuba depuis… 1945. D’autre part, en inaugurant officiellement la nouvelle ambassade des Etats-Unis, fermée depuis 1961.

Echange de cultures

En octobre 2015, le « Buena Vista Social Club », originaire de Cuba, s’est produit en concert à la Maison-Blanche à l’occasion du mois de l’héritage hispanique et des 25 ans de l’Excellence à l’éducation pour les Hispaniques aux Etats-Unis. Une première depuis 50 ans.

Un match pour l’histoire

On dit souvent du sport qu’il fait tomber les frontières. Ce fut à nouveau le cas le 2 juin 2015 lorsque les footballeurs du New-York Cosmos sont venus à Cuba pour y affronter l’équipe nationale dans un match amical. Ce fut la première visite d’une équipe sportive professionnelle depuis 1999.

Avec le retour des voyages, l’intérêt grandissant des investisseurs et l’arrivée des touristes, il semble loin le temps de « l’Axe du Mal », terme choisi au début de son mandat par George W. Bush pour évoquer le régime ennemi. Treize ans plus tard, Mick Jagger, Rihanna, Paris Hilton ou encore Ozzy Osbourne déambulent dans les rues de La Havane.

Cuba serait-il enfin à la mode ? Ce serait aller un peu vite, car si l’ouverture du pays vers le monde extérieur est une nouvelle porteuse d’espoir, il faudra encore du temps et des ressources pour le transformer durablement en un état progressiste et égalitaire, loin du joug communiste. Rappelons que pour la majorité des Cubains, le salaire ne dépasse toujours pas les 18 euros par mois.

Guillaume Alvarez

Source : The Telegraph

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