Illustration © KCNA/REUTERS

Une riposte américaine à la menace nord-coréenne ?

Le Vif

A l’approche des élections de mi-mandat en novembre, Donald Trump pourrait être tenté par une action militaire contre un Kim Jong-un qui ne cesse de le défier.

Avec ses Chers et Grands Leaders, ses missiles qui font plouf et ses slogans d’un autre âge, la Corée du Nord fait parfois sourire, surtout en Europe et aux Etats-Unis. Cela ne durera pas. En 2017, malgré une pluie de sanctions internationales, Pyongyang a accéléré sa course vers l’arme atomique : son sixième test nucléaire, en septembre dernier, le plus puissant à ce jour, était un essai de bombe à hydrogène. Le Nord a aussi mené une série d’essais de missiles intercontinentaux (ICBM) et, depuis le 28 novembre, se prétend  » un Etat nucléaire à part entière « . A l’occasion de ses voeux de Nouvel An, Kim Jong-un a appelé à la production en masse de têtes nucléaires et de missiles balistiques.

Pyongyang affirme que sa priorité est sa propre survie, tandis que ses critiques l’accusent de vouloir réunifier par la force la péninsule, divisée depuis près de soixante-dix ans. Qui dit vrai ? Peu importe, car le résultat est le même. Les Nord-Coréens, dans leur fuite en avant, provoquent les Américains, qui jouent un rôle de gendarme régional en Asie orientale depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, grâce à la redoutable 7e flotte, stationnée notamment en Corée du Sud et au Japon. La crédibilité de Washington est en jeu, d’autant que sa capacité à imposer des  » lignes rouges  » a déjà été mise à mal en Syrie, sous la présidence Obama. Ne rien faire reviendrait à encourager d’autres pays, tel l’Iran, à développer leur programme nucléaire militaire.

L’attentisme de la Chine

Kim Jong-un semble mettre au défi Donald Trump d’agir et, du point de vue du président américain, cela tombe bien : à l’approche des élections de mi-mandat, en novembre de cette année, la perspective d’une frappe militaire contre un des régimes les plus détestés de la planète n’est sans doute pas pour lui déplaire. Une action militaire n’est pas certaine, tant s’en faut, mais elle apparaît désormais comme un scénario plausible. Ses conséquences seraient imprévisibles.

Déjà, au Japon, certains ont commencé à bâtir des abris chez eux ou au bureau. En Corée du Sud, des voix demandent au gouvernement de lancer son propre programme nucléaire. En Chine, surtout, le régime adopte une position attentiste, comme si la perspective d’un conflit limité, de nature à affaiblir le régime des Kim, sans plus, était l’issue la plus souhaitable. A la mi-novembre 2017, lors d’un forum sur la sécurité internationale, le général John Hyten, à la tête du commandement stratégique américain, semblait résigné :  » Peut-on vivre avec la menace nucléaire nord-coréenne ? Oui, certainement. Mais le veut-on ? Veut-on vivre dans un tel monde ?  » Soudain, plus personne n’a envie de rire.

Par Marc Epstein.

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