Carte blanche

Une démocratie en Iran : utopie ou réalité ?

Il y a tout juste un an, alors que le président iranien Hassan Rohani faisait une tournée commerciale en Europe, les services de sécurité belges, français et allemands déjouaient un complot terroriste orchestré par son gouvernement. Une bombe devait être placée à Paris, le 23 juin 2018, au beau milieu d’un rassemblement de millier de personnes qui demandaient le rétablissement de la démocratie en Iran. J’étais parmi ces manifestants.

Quatre hommes ont été arrêtés en Belgique ce jour-là, alors qu’ils essayaient de passer la frontière avec les explosifs. L’un d’eux, Monsieur Assadollah Assadi, diplomate expérimenté au poste de deuxième secrétaire de l’ambassade d’Iran en Autriche, dirigeait le commando. Il est toujours détenu en Belgique, en attente de son procès.

Si leur plan n’avait pas échoué, beaucoup de femmes et d’hommes, ainsi que de nombreuses personnalités européennes et américaines auraient été tuées. Cet attentat n’était pas une première pour le régime de Téhéran. Ses agents ont déjà frappé à Berlin, Rome et Genève. Nous n’avons aucune garantie qu’ils n’essaieront pas de frapper à nouveau.

Malheureusement pour le monde, les actions terroristes des mollahs à l’étranger ne sont que la pointe visible du cancer iranien. Cette dictature détient le double record mondial du nombre d’exécution de femmes et d’exécutions par habitant. Michelle Bachelet, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits humains, nous rappelait la « pure injustice » dont fait preuve le système judiciaire iranien. C’est cette même dictature qui veut étendre sa loi au Moyen-Orient et qui brigue l’arme nucléaire pour s’imposer au reste du monde.

Au cours des dernières décennies, l’Europe –avec les États-Unis — a cru sage de poursuivre une politique d’apaisement face à la poussée iranienne. On recherchait des alliances avec des modérés au sein du régime islamique afin d’influencer des réformes démocratiques. Cette diplomatie n’a pas empêché le gouvernement iranien de poursuivre secrètement son programme d’armes nucléaires et de répandre le terrorisme au Moyen-Orient et chez nous.

Notre diplomatie n’a pas non plus tenu compte des aspirations du peuple iranien. Cela fait plus d’un an que les soulèvements populaires se succèdent partout en Iran. Les iraniens ne veulent plus du gaspillage de leur ressources naturelles pour financer le bellicisme et la corruption des mollahs, car c’est avec la faim et la mort qu’ils payent tous les jours leur maintien au pouvoir.

De son côté, Trump a inauguré une diplomatie ferme vis-à-vis du régime iranien. Cette nouvelle politique a pris forme avec la nomination de John Bolton comme Conseiller à la sécurité nationale. Il ne s’agit plus d’encourager des réformes, mais bel et bien de promouvoir un changement de régime en Iran.

Or, cela fait quarante ans que le régime islamique s’emploie à liquider toute opposition. Est-il encore possible de miser sur une alternative démocratique à ce régime ?

Je le crois fermement. Par principe, mais aussi par expérience. Beaucoup de ceux qui ont survécus aux campagnes d’extermination, aux camps et aux prisons des mollahs, sont venus se réfugier en occident. Les familles de ceux qui ont été exécutés par la dictature, sont eux aussi venu chercher asile en Europe et aux États Unis. Leur témoignage, les preuves qu’ils rapportent et leur détermination est sans appel.

C’est une femme qui a entrepris de les réunir et de résister. Comme pour la plupart des survivants, la moitié de sa famille a été exterminée par les mollahs. J’ai rencontré Maryam Rajavi alors que sa fille souffrait une attaque à la bombe dans un camp de réfugié iraniens en Iraq.

Musulmane, cette femme se bat pour la liberté de son pays, contre la corruption, l’injustice et la misogynie du régime. Elle prône un régime démocratique et laïc avec la séparation de la religion et de l’État ; elle défend les droits des femmes et se donne pour tâche de les promouvoir aux postes de responsabilité à l’intérieur du conseil pour la résistance qu’elle préside. Elle exige l’abolition de la torture et de la peine de mort. Elle veut mettre fin à la course au nucléaire entreprise par les héritiers de Khomeiny. Elle est charismatique et populaire.

Si la politique de Donald Trump a une chance de venir à bout du cauchemar iranien et d’ouvrir la voie pour que des options démocratiques comme celles de Maryam Rajavi arrivent au pouvoir, nous nous devons d’accepter que nous nous sommes trompés. Et d’agir en conséquence.

Un rassemblement a eu lieu à Bruxelles le samedi 15 juin pour soutenir l’esprit de résistance du peuple iranien et son droit à la démocratie et à la liberté. C’était une occasion de protester contre la violation croissante des droits de l’Homme en Iran et contre l’expansionnisme terroriste des mollahs dont nous sommes tous victimes.

J’y étais, comme soutien à tous ceux qui continuent de résister contre la dictature iranienne, et en reconnaissance à la Belgique qui a su si efficacement nous protéger.

Ingrid Betancourt, personnalité politique franco-colombienne

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