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Une crise alimentaire pas exclue dans les 10 ans

Plus de sucre, plus de gras et toujours plus de viandes. La hausse de la production alimentaire mondiale dans les dix ans qui viennent devrait permettre de satisfaire une consommation qui se diversifie dans les pays en développement, sans exclure le risque d’un « choc grave » sur les marchés, indiquent mercredi l’Organisation des Nations unies pour l’Agriculture et l’Alimentation (FAO) et l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) dans leur rapport conjoint sur les « Perspectives agricoles 2015-2024 ».

Plutôt rassurantes, ces organisations anticipent des prix agricoles en baisse pour la décennie qui vient, tels les cours des céréales qui ont entamé leur décrue ces deux dernières années, en raison de l’abondance de l’offre. Cependant, préviennent-elles, les cours restent stabilisés à un niveau relativement élevé, bien supérieur en tout cas au début des années 2000, avant la flambée de 2007-2008 qui avait provoqué la dernière crise alimentaire en date. Par ailleurs, les exportations de produits agricoles de base resteront concentrées au sein d’un Club des Cinq – Etats-Unis, Union européenne, Russie, Brésil, Argentine – vers un nombre d’importateurs au contraire toujours plus nombreux, particulièrement vulnérables en cas de crise chez les fournisseurs, à l’instar de la sécheresse américaine dévastatrice en 2012. L’étroitesse géographique de l’offre accroît les risques de marché, notamment ceux liés aux catastrophes naturelles ou aux crises politico-commerciales, préviennent les auteurs pour qui « il est très probable que les marchés internationaux connaissent au moins un choc grave au cours des dix ans qui viennent avec une variation moyenne des prix autour de 15 à 20%. » Alors que le rapport consacre un chapitre entier au Brésil, apte à répondre aux demandes mondiales en sucre, soja et viande, « les principaux risques associés à ces perspectives optimistes concernent les résultats macroéconomiques du Brésil, le rythme des réformes structurelles et des facteurs exogènes, dont la demande d’importations de la Chine ». Chez les importateurs, l’Afrique reste particulièrement vulnérable, constate la FAO: « Les rendements restent très bas et le continent risque de devoir importer toujours plus, ce qui accroît sa fragilité aux chocs ».

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