Hillary Clinton et Donald Trump © REUTERS

« Un désastre », « truqué », « comptez sur moi »: les mots de la campagne présidentielle américaine

Le Vif

« Un désastre » ou « comptez sur moi »: les mots de la campagne de Donald Trump surgissent à l’esprit plus facilement que ceux de sa rivale Hillary Clinton, les linguistes y décelant la marque d’une stratégie plus large chez la démocrate et d’un discours très étudié chez le républicain.

Les slogans

– Celui de Donald Trump, « Rendre à l’Amérique sa grandeur » (« Make America great again »), est un « impératif qui fait que le public est immédiatement impliqué » et « on peut presque marcher » sur son rythme, explique à l’AFP Linda Coleman, professeur associée de linguistique à l’université du Maryland (est).

– Avec celui de Hillary Clinton, « Plus forts ensemble » (« Stronger together »), « on doit se poser la question ‘qu’est-ce que ça veut dire?’ et on doit amener soi-même le ‘nous’ sous-entendu par cette expression, note Mme Coleman.

Les mots de Trump

Les discours de Trump sont « tout sauf une salade de mots », c’est « très calculé » pour « transmettre à ses partisans ce qu’il veut leur dire », explique sur son site George Lakoff, professeur de linguistique à l’université de Berkeley (sud-ouest).

« Il utilise une terminologie spécifique associée à une stratégie » qui est « plus étroite » que celle de Clinton, et qu’il « répète encore et encore », affirme à l’AFP Martin Medhurst, expert en discours présidentiels à l’université Baylor au Texas (sud). « Les mots sont calculés pour activer un électorat qui se sent laissé pour compte ».

Trump utilise des « expressions très courtes et des répétitions » car c’est « un homme de télévision » qui a « en quelque sorte les qualités d’un annonceur publicitaire », note Mme Coleman.

« Un désastre »

Clinton elle-même est « un désastre » tout comme sont des « désastres » l’accord nucléaire avec l’Iran, la Libye, l’Allemagne ou la France, fustige souvent Donald Trump.

« Le mur »

Quand Trump annonce le 16 juin 2015 qu’il est candidat à la présidence, il propose d’ériger « un mur » à la frontière du Mexique pour empêcher les immigrés clandestins d’entrer aux Etats-Unis. C’est un mot qu’il fait redire à ses partisans eux-mêmes dans ses réunions publiques.

« Croyez-moi »

« Nous allons passer cet accord, croyez-moi », lance devant des Hispaniques en Floride (sud-est) Donald Trump, à propos d’un compromis qu’il entend conclure avec Cuba s’il accède à la Maison Blanche.

Trump « veut que son public le croie », même si cette expression est souvent suivie dans son discours « d’une affirmation qui n’est pas vraie », relève George Lakoff.

« L’Amérique d’abord »

Slogan favori de Donald Trump pour courtiser les ouvriers blancs de la « Rust Belt » (« Ceinture de rouille »), vaste région frappée par la désindustrialisation.

Utilisé aussi en politique étrangère, Trump prônant d’éloigner les Etats-Unis de l’Otan ou des conflits du Moyen-Orient.

« Truqué »

Le républicain répète que les élections sont « truquées » et que « la presse a créé un système truqué et empoisonné les esprits des électeurs ».

« Bien sûr que de vastes fraudes électorales se produisent avant le scrutin et le jour de l’élection. Pourquoi les responsables républicains le nient-ils? Quelle naïveté! », a écrit Trump sur Twitter.

Il « répète constamment que ‘les élections sont truquées’ ou ‘l’Amérique d’abord’ pour rappeler aux gens combien ils ont perdu leur statut », selon Martin Medhurst.

« Hillary la crapule »

Qualificatif utilisé par Trump sur Twitter et dans ses réunions électorales à l’adresse de sa rivale, qu’il qualifie aussi de « corrompue ».

Lors du premier débat le 26 septembre, il a préféré l’appeler « Madame la secrétaire d’Etat ».

« Hillary-la-crapule a été dupée et utilisée par la pire de mes Miss Univers », a-t-il lancé sur Twitter, en s’attaquant à nouveau à une ancienne Miss Univers que Clinton lui reproche d’avoir insultée.

Les mots de Clinton

Ils sont plus rares « parce qu’elle a une stratégie plus large » et « un large éventail de thèmes qu’elle aime répéter mais elle n’utilise pas forcément les même mots pour en parler », explique Martin Medhurst.

Elle « utilise des phrases plus longues » que Trump et « on ne remarque pas quand elle redit un mot qu’elle a déjà utilisé », selon Mme Coleman.

« Comptez sur moi »

« Si vous voulez jouer la carte de la femme, comptez sur moi », répète souvent Clinton à l’adresse d’un électorat qui lui est devenu de plus en plus favorable à fur et à mesure des attaques de son rival à leur égard.

Cette expression fait référence au jeu de cartes. Clinton prend au mot son rival qui l’accuse de « jouer la carte des femmes » pour gagner.

« L’amour l’emporte sur la haine »

Slogan emprunté aux campagnes pour l’égalité des droits, notamment des homosexuels quand ils demandaient de pouvoir se marier avec les expressions « Amour > Haine » ou « l’amour est plus fort que la haine ».

En anglais, l’expression « love trumps hate » s’amuse avec le nom du candidat républicain, le verbe « to trump » voulant dire surpasser, l’emporter sur.

AFP

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