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Un an plus tard, L’Aquila est toujours en chantier

Ravagée il y a tout juste un an par un séisme qui avait fait 308 morts, L’Aquila est toujours sous les gravats. Les travaux devraient prendre plusieurs années, au grand dam des habitants qui souhaitent réinvestir leur ville.

Colère, espoir, résignation. Voilà les sentiments qui dominaient mardi à L’Aquila, un an jour pour jour après le séisme qui a ravagé le chef-lieu des Abruzzes. Car si les travaux de déblaiement et de reconstruction avaient débuté dès le lendemain du tremblement de terre, ils sont loin, très loin d’être terminés.

Devant l’ampleur du chantier, personne ne s’aventure d’ailleurs à un pronostic quant à leur durée. Une seule certitude, cela se comptera en années, et tous les habitants ne pourront par réintégrer leurs logements. Un tiers des habitations sinistrées, trop lourdement endommagées, seront en effet détruites. Actuellement, ils sont encore 52.000 à ne pas avoir de toit définitif sur les 120.000 habitants de L’Aquila et des villages environnants.

Selon la protection civile, il resterait également entre 1.5 et 3 millions de mètres cubes de gravats à dégager. Des briques, des parpaings, des tuyaux qui encombrent le centre-ville, toujours pas rouvert au public. Trop risqué, selon les autorités. Seules les nombreuses équipes d’ouvriers, de pompiers et de militaires sont donc autorisées à pénétrer dans cette portion de ville morte, qui semble s’être figée dans la seconde qui a suivi la secousse.

« Rendez-nous L’Aquila »

Une situation difficile à vivre pour les habitants, nombreux à fustiger la lenteur des travaux, ainsi que la militarisation de la reconstruction. Certains de ces mécontents, soucieux de retrouver au plus vite l’usage de leur centre-ville, avaient même déclenché, le 21 mars dernier, la « révolte des brouettes. » Un mouvement citoyen qui visait à impliquer les habitants dans la reconstruction. Armés de pelles et de pioches, ces révoltés s’attaquaient donc aux montagnes de gravats moins pour accélérer les travaux que pour faire passer leur message: « Rendez-nous L’Aquila ».

Message reçu cinq sur cinq, puisque la médiatisation du mouvement a « obligé » les autorités à s’attaquer au déblayage des gravats et à… confisquer les brouettes.

La contestation provient également de la gestion politique de l’après séisme. Beaucoup critiquent, par exemple, le choix de donner la priorité quasi exclusive au relogement d’urgence, au détriment de la reconstruction du centre-ville. Et ce pour profiter de la rentabilité politique et de la visibilité médiatique d’actions visant le court terme. Les soupçons de liens intéressés entre le directeur de la protection civile et certaines entreprises utilisées dans la reconstruction ont également attisé la défiance des habitants à l’égard des autorités.

Autant de critiques qui feraient presque oublier le travail accompli par les équipes de la sécurité civile. 15.000 personnes ont en effet été relogées dans l’un des 19 nouveaux quartiers de résidence. Des quartiers qui pâtissent toutefois encore de l’absence de services publics, de magasins et de voies de communication valables.

Lundi, le chef-lieu des Abruzzes a commémoré avec quelques heures d’avance le premier anniversaire de la catastrophe. A cette occasion, le maire Massimo Cialente a appelé ses administrés « à regarder vers l’avenir alors que jusqu’à présent c’était le temps de la douleur ».

Olivier Faure

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