Lassé de la corruption, le Guatemala vote en masse pour un acteur comique, Jimmy Morales, 46 ans. © AFP

Un acteur comique comme président au Guatemala?

Le Guatemala a voulu dimanche tourner la page de la corruption qui a mené en prison son précédent président, en votant en grande majorité, pour lui succéder, en faveur d’un acteur comique sans aucune expérience politique, selon les résultats partiels.

Humoriste, comédien et animateur de télévision, Jimmy Morales, 46 ans, était donné dimanche soir largement en tête du second tour de l’élection présidentielle, raflant 73,92% des voix selon des résultats officiels portant sur 30,42% des suffrages exprimés. L’ex-Première dame Sandra Torres, 60 ans, soutenue par l’Union nationale de l’espoir (UNE, social-démocrate), semblait largement distancée, créditée de 26,08% des voix.

« Ce moment est historique, le Guatemala a donné une leçon au monde, nous devons maintenir notre engagement » à lutter contre la corruption, avait déclaré, au moment de voter, M. Morales, candidat du parti de droite FCN-Nacion.

Large sourire et charisme naturel, celui qui avait incarné au cinéma le rôle d’un cowboy naïf sur le point de devenir président par accident, avait été la grande surprise du premier tour le 6 septembre, profitant du vaste mouvement d’exaspération populaire contre la corruption et la classe politique traditionnelle.

Son absence totale d’expérience politique est perçue par ses partisans comme un gage d’honnêteté.

Mais le parti qui le soutient a été questionné, comme l’a rappelé dimanche Mme Torres qui l’a encore accusé de « représente(r) la vieille garde de militaires douteux », certains des militaires ayant fondé FCN-Nacion étant soupçonnés de violations des droits de l’homme durant la guerre civile (1960-1996).

Sandra Torres, ex-épouse d’Alvaro Colom, président de 2008 à 2011 dont elle dirigeait les programmes sociaux, a elle aussi été critiquée pendant la campagne, accusée d’avoir fait partie de l’ex-guérilla qui a combattu les autorités pendant cette même guerre civile, qui a fait 200.000 morts et disparus, ce qu’elle nie.

Dans le pays le plus peuplé d’Amérique centrale (15,8 millions d’habitants) mais aussi l’un des plus violents au monde, le vote s’est déroulé dans le calme mais l’affluence a semblé faible, contrastant avec les longues files d’attente du premier tour, qui avait été marqué par un record de participation (71%).

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