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UMP: Copé et Fillon revendiquent la victoire et s’accusent de fraudes

Le vote des adhérents pour désigner un nouveau président à l’UMP a tourné à la foire d’empoigne dimanche soir, Jean-François Copé et François Fillon revendiquant chacun de leur côté la victoire, pendant que leurs camps s’accusaient de fraudes.

A 23h30, alors qu’une pluie d’annonces de contestations s’était abattue sur le scrutin, Jean-François Copé a le premier revendiqué la victoire au siège de l’UMP. « Les militants et les militants de l’UMP viennent aujourd’hui de m’accorder la majorité de leurs suffrages et ainsi de m’élire comme président de l’UMP », a-t-il lancé devant ses partisans. Un de ses proches a assuré que M. Copé avait « 1.000 voix » d’avance sur son rival.

Peu après, c’était au tour de François Fillon de venir annoncer sa « courte victoire de 224 voix », tout en prévenant que ses résultats devaient être officialisés par la commission interne du parti, la Cocoe.

Cette guerre des nerfs, dont l’UMP se serait bien passée, s’est doublée d’accusations de fraudes mutuelles entre les deux camps. Dans la soirée, les proches de Jean-François Copé ont affirmé avoir constaté des « irrégularités » à Nice, fief des fillonistes Christian Estrosi et Eric Ciotti, et à Paris, où François Fillon est élu.

Dans la 1re circonscription des Alpes-Maritimes, comme dans le XVIe arrondissement de la capitale, c’est le décalage entre les bulletins comptabilisés et les émargements qui a jeté le trouble.

« Nous formulerons un certain nombre de contestations, bien supérieures à celles de Jean-François Copé », a rétorqué à Paris le député Bernard Debré, proche de François Fillon, laissant augurer une bataille difficile. Le parlementaire a notamment évoqué des procurations suspectes et parlé d' »anomalies très flagrantes »

Retour sur une nuit confuse

19h30 : Christian Estrosi, filloniste, est optimiste, très optimiste: « Dans les grosses fédérations, l’avantage semble tourner en faveur de François Fillon. »

20h16 : les copéistes diffusent leurs premiers chiffres. « Sur 41000 bulletins dépouillés, Copé a 500 voix d’avance », disent plusieurs d’entre eux.

22h02 : Sur 155000 bulletins dépouillés, Copé aurait plus de 3000 voix d’avance, jurent ses partisans.

22h09 : Nice-Matin tweete des irrégularités dans deux bureaux de Nice. Le camp Copé saute sur l’occasion et commence à parler d' »anomalies ».

22h18 : Sur 168 702 bulletins dépouillés, le camp Copé revendique une avance de 2190 voix. Ces résultats prennent en compte Paris, ne manque que Nice.

23h10 : Laurent Wauquiez fait son entrée dans le hall du siège de l’UMP. Le député, numéro 2 du ticket Fillon, est venu « discuter avec la Cocoe ». « Des résultats serrés sont source de tensions », dit-il d’un ton le plus calme possible.

23h32 : Jean-François Copé annonce sa victoire, avant la proclamation officielle des résultats. « Les militants viennent de m’élire président de l’UMP (…) Je pense à toutes celles et ceux qui se sont engagés sur tout le territoire. Je veux aussi dire à François Fillon une pensée toute particulière ; je veux lui dire que je souhaite dès maintenant travailler main dans la main (…) Mes pensées vont à Nicolas Sarkozy à qui nous songeons ce soir. »

23h45 : Un député proche de Jean-François Copé raconte que Laurent Wauquiez refuse de valider les chiffres présentés par la Cocoe, ce qui bloque les validations des premiers départements.

23h52 : François Fillon réclame lui-aussi la victoire avec « 224 voix d’avance ».

Minuit : les négociations battent leur plein à la Cocoe, au siège de l’UMP, centre névralgique du psychodrame.

0h52 : Jérôme Chartier, député du Val-d’Oise et très proche de François Fillon, descend dans le hall de l’UMP, accompagné de Jean-François Lamour et annonce que les résultats dans 23 départements sur 100 sont validés. Ces derniers n’ont fait l’objet d’aucune contestation majeure. Pour le reste, c’est beaucoup plus compliqué. Laurent Wauquiez, pour Fillon, et Jérôme Lavrilleux, directeur de cabinet de Copé, examinent chacun de leur côté les procès-verbaux des bureaux de vote soupçonnés de fraudes. « Le plus compliqué, c’est qu’il faut retrouver les présidents de chaque bureau. Et souvent, il faut aller chercher au lit », note un proche de l’ancien Premier ministre.

1h23 : « On rappelle tous nos référents départementaux, confie une membre de l’équipe Fillon. On a mis plus de monde à la Cocoe. En clair, on ne lâche rien. »

1h40 : Patrice Gélard, sénateur UMP et président de la Cocoe, diffuse un communiqué, laconique: « La Cocoe poursuit la centralisation des résultats de l’ensemble des bureaux de vote des fédérations. Elle proclamera le résultat une fois qu’elle aura validé l’ensemble des procès-verbaux des départements. »

2h : une poignée de militants crient « Fillon président » devant le siège du parti. Ils réclament de pouvoir entrer, mais les vigiles leur interdit l’accès. « Ils nous laissent sur le trottoir comme des clodos. C’est beau la démocratie! »

2h30: Un proche de Fillon affirme que 36 départements ont été validés.

2h58: « On a validé près de la moitié des départements, soit une cinquantaine », confie un huissier de justice dépêché pour valider les résultats, qui ajoute: « On a vérifié Nice et Neuilly, il n’y a pas de problème. Mais on n’aura pas fini cette nuit. Les assesseurs dorment. On reprendra lundi matin. »

Levif.be avec Belga et l’Express

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