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Ukraine: violation du cessez-le-feu et mises en garde

Le vice-président américain Joe Biden a mis en garde mardi la Russie, condamnant « fermement » la violation du cessez-le-feu dans l’est de l’Ukraine par des « séparatistes agissant de concert avec les forces russes ».

Lors d’un entretien téléphonique mardi avec le président ukrainien Petro Porochenko, Joe Biden a affirmé que si Moscou continuait à violer les accords de Minsk, trois jours à peine après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, « le prix à payer pour la Russie serait plus lourd ».

La violation du cessez-le-feu, entré en vigueur dimanche selon les accords de Minsk conclus le 12 février dernier, a été officiellement confirmée par les observateurs de l’OSCE (organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), ont noté les deux dirigeants lors de leur conversation.

Les rebelles ukrainiens sont entrés mardi dans Debaltseve, une ville stratégique pour le contrôle de l’Est de l’Ukraine qui était ces dernières semaines le point le plus chaud de la ligne du front.

« Le vice-président a également fermement condamné le fait que la Russie et les séparatistes empêchent l’accès de Debaltseve aux observateurs de l’OSCE, permettant ainsi aux séparatistes de poursuivre leur offensive sans aucune inhibition », précise encore le communiqué de la Maison Blanche.

L’ONU appelle « à cesser immédiatement les hostilités »

Le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé mardi dans une déclaration unanime les belligérants dans l’est de l’Ukraine « à cesser immédiatement les hostilités ». Les 15 pays membres, y compris la Russie, leur ont aussi demandé de « respecter les accords conclus à Minsk, notamment en facilitant l’accès pour les observateurs de l’OSCE » chargés de surveiller l’application de ces accords.

Les 15 pays « expriment de graves inquiétudes devant la poursuite des combats » dans la région de Debaltseve (est de l’Ukraine). Ils invitent les belligérants à « traiter avec humanité les individus qu’ils détiennent ».

Le Conseil a aussi adopté séparément mardi en séance publique, également de manière unanime, une résolution d’inspiration russe appelant à « appliquer pleinement » les accords de Minsk, en particulier le cessez-le-feu.

Kiev et les rebelles s’accusent mutuellement de violer le cessez-le-feu depuis son entrée en vigueur dimanche et le retrait des armes lourdes, prévu également par les accords de Minsk, n’a pas pu avoir lieu.

La résolution, présentée par la Russie, « demande à toutes les parties d’appliquer pleinement les mesures (décidées jeudi à Minsk), dont un cessez-le-feu complet ». Ce très bref texte « entérine » ces accords dits de Minsk 2 et « salue » la déclaration faite à Minsk jeudi à l’issue de seize heures de négociations par les dirigeants russe, ukrainien, français et allemand.

Le vote de ce texte, prévu initialement dimanche, avait été retardé à plusieurs reprises, certains pays du Conseil demandant le rajout d’amendements. Mais c’est finalement la version initiale qui a été adoptée.

Les rebelles sont entrés dans Debaltseve

Les autorités ukrainiennes ont demandé mardi à l’Occident d’infliger une réponse « sévère » à l’égard de Moscou après l’entrée des rebelles prorusses dans la ville stratégique de Debaltseve, dont ils occupent une partie au prix de violents combats.

A l’occasion d’un entretien téléphonique avec la chancelière allemande Angela Merkel, le président ukrainien Petro Porochenko a dénoncé une « attaque cynique contre les accords de Minsk » et le cessez-le-feu censé être en vigueur depuis dimanche, demandant à l’Occident une réponse « sévère » pour « arrêter l’agresseur » selon un communiqué diffusé par ses services.

« J’espère que les autorités ukrainiennes ne vont pas empêcher les soldats ukrainiens de déposer leurs armes » ou les poursuivre en justice pour cette raison, a pour sa part déclaré le président russe Vladimir Poutine au cours d’une conférence de presse avec le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, affirmant qu’il n’y avait pas de « solution militaire » au conflit en Ukraine.

Car pour la première fois, l’armée ukrainienne a reconnu que les séparatistes étaient entrés dans Debaltseve, une ville stratégique pour le contrôle de l’Est de l’Ukraine qui était ces dernières semaines le point plus chaud de la ligne du front. Des combats acharnés se poursuivaient dans la soirée, l’armée reconnaissant que certaines de ses unités étaient encerclées.

Le ministère de la Défense a même annoncé que des soldats de la 101e brigade et du 8e régiment avaient été capturés, sans toutefois préciser le nombre de ces prisonniers ni la date précise de leur capture.

Les séparatistes revendiquent le contrôle de 80% de la ville. Kiev assurant pour sa part qu’une « partie » seulement de Debaltseve échappe à son autorité. « Ces prochains jours, voire aujourd’hui, Debaltseve sera nettoyé » par les séparatistes, a soutenu le responsable militaire rebelle, Vladimir Kononov.

Si l’accès à la ville était bloqué par les affrontements en cours, des journalistes de l’AFP ont été témoins de combats rapprochés à Tchornoukhine, un village situé à quatre kilomètres de Debaltseve quasiment détruit à la suite du conflit. « Les combats des derniers jours pour prendre Tchornoukhine et avancer sur Debaltseve ont été très meurtriers, y compris pour nous », a déclaré un commandant séparatiste à Tchornoukhine.

Les séparatistes exerçaient également une pression psychologique sur les soldats ukrainiens en leur envoyant une avalanche de textos les appelant à se rendre. « Les généraux vous ont trahis », indiquait par exemple un de ces messages montré à l’AFP par une journaliste ukrainienne près de Debaltseve.

Des milliers de civils avaient fui ces dernières semaines Debaltseve mais jusqu’à 5.000 y sont toujours bloqués sans eau ni nourriture, selon la mairie. Une adjointe au maire déjà évacuée, Tetiana Ogdanska, a déclaré recevoir des appels de détresse des habitants restés sur place.

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