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Ukraine: les policiers assiégés à Lougansk abandonnent leur QG aux pro-russes

Le Vif

Les policiers ukrainiens assiégés depuis la fin de l’après-midi dans l’hôtel de police de Lougansk (Est du pays) ont abandonné dans la soirée leur QG et leurs armes aux manifestants pro-russes, a constaté un journaliste de l’AFP. Plus tôt, quelque 3.000 manifestants pro-russes avaient pris d’assaut un bâtiment de l’administration régionale à Lougansk, dans l’est de l’Ukraine.

A 22H40 ils sont passés en file indienne, casqués mais sans armes, entre deux rangées de civils et d’hommes armés, certains en treillis et d’autres non, puis sont montés dans un bus qui était venu les chercher. « Rentrez à la maison !  » leur criait la foule. Un premier bus a emporté une trentaine de jeunes policiers visiblement effrayés, un autre attendait d’emporter les autres.

Le sort réservé à l’armurerie a donné lieu à plusieurs heures de tractations. Vers 21H00, un des responsables des insurgés avait dit à la foule, dans un mégaphone: « Les armes vont passer sous le contrôle de la police du peuple de Lougansk. Nous allons sécuriser ces armes ». Peu auparavant, il avait tourné son haut-parleur vers les portes vitrées du bâtiment et avait lancé: « Nous n’allons pas vous toucher. Vous pouvez sortir ».

« Ce sont des adolescents, ils ont à peine 18 ans, ils sont terrorisés », a assuré à l’AFP un homme en arme qui a refusé de s’identifier. Tapant sur la culasse de sa kalachnikov flambant neuve, il a ajouté: « Nous sommes là pour protéger le peuple. Jamais nous n’aurions tiré les premiers ».

Le siège a commencé en début de soirée après que les manifestants, réunis à 14H00, ont pris sans coup férir le contrôle de l’administration régionale, puis du bureau du parquet de la région de Lougansk et des locaux de la télévision régionale.

Des émeutiers ont tenté de défoncer avec un camion-benne un portail métallique du QG de la police qui a riposté en tirant des grenades assourdissantes et des gaz lacrymogènes. Une quarantaine d’hommes en uniformes dépareillés mais bien armés sont alors arrivés, à bord d’un minibus à gyrophare de la police et d’un camion bâché, et se sont placés en position de tir, visant les fenêtres du bâtiment. L’un d’eux a brièvement tiré en l’air.

Des tractations se sont immédiatement engagées. Une heure plus tard les insurgés assuraient que les policiers avaient accepté de se rendre. « Ils ne se sont pas servis de leurs armes. Ce sont nos frères », a lancé à la foule l’un de ses dirigeants, jeune homme en pull kaki, Alexei Kariakine. Un autre homme armé a lancé à la foule: « Ils ont peur ! Les femmes, formez un couloir pour les rassurer ! « 

Plus tôt dans l’après-midi, une vingtaine de jeunes, armés de barres de fer, avaient brisé une fenêtre pour entrer dans le bâtiment, qui n’était pas protégé par la police tandis que la foule attendait à l’extérieur de pouvoir y pénétrer. Les locaux des services de sécurité de cette ville de 465.000 habitants, chef-lieu de la région du même nom, étaient déjà occupés depuis début avril.

Washington qualifie de « terrorisme » les violences et enlèvements dans l’Est

Les Etats-Unis ont qualifié de « terrorisme » les violences commises dans l’est de l’Ukraine contre les partisans de l’unité du pays et l’enlèvement d’observateurs de l’OSCE, dans un communiqué de leur ambassade à Kiev. « Nous condamnons les enlèvements par les séparatistes d’observateurs ukrainiens et internationaux, dont certains ont été sauvagement battus (…) C’est du terrorisme pur et simple », souligne l’ambassade dans un communiqué. Celle-ci se dit également « révulsée » par les violences à Donetsk la veille lorsque des pro-russes ont attaqué des manifestants pro-Kiev faisant une dizaine de blessés. Les Etats-Unis ont par ailleurs exprimé leur soutien au gouvernement ukrainien qui mène une « opération antiterroriste » dans l’est du pays, en proie à une insurrection pro-russe.

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