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Ukraine: les combats se poursuivent en dépit d’un cessez-le-feu

Le Vif

L’armée ukrainienne combattait toujours samedi les insurgés prorusses, ceux-ci ayant rejeté un cessez-le-feu unilatéral décrété par Kiev, qui s’inquiétait de l’ordre d' »état d’alerte » donné par Vladimir Poutine à ses troupes en Russie centrale.

Ces nouvelles violences dans la région industrielle russophone du Donbass, qui ont fait au moins 375 morts depuis avril, mettent en péril le plan de paix ambitieux dévoilé vendredi par le nouveau président Petro Porochenko, soutenu par les Occidentaux. Les Etats-Unis ont averti qu’ils n’accepteraient ni la présence ni l’intervention de troupes russes dans l’est de l’Ukraine, alors que la Russie a confirmé avoir renforcé ses troupes à la frontière.

Vladimir Poutine semblait vouloir continuer à alimenter les tensions dans la pire crise entre l’Est et l’Ouest depuis la guerre froide en annonçant samedi avoir placé les forces armées du district militaire central du pays « en état d’alerte » pour des manoeuvres imprévues jusqu’au 28 juin.

L’Ukraine a dénoncé samedi une attaque séparatiste visant des gardes-frontières dans la région de Donestk, l’un des bastions rebelles, et ajouté que les gardes avaient répliqué à une deuxième attaque près d’un autre poste frontière quelques minutes plus tard. Selon le service des gardes-frontières, neuf personnes ont été blessées. Un porte-parole des opérations militaires ukrainiennes a confirmé la deuxième attaque près de Slaviansk. Toutefois un porte-parole de la république autoproclamée séparatiste de Donestk a affirmé pour sa part que Slaviansk avait essuyé une lourde attaque des troupes ukrainiennes.

Près de Slaviansk, les habitants d’un village continuaient samedi d’entendre des échanges de tirs entre insurgés et forces gouvernementales. « Cela a tiré hier soir, puis ce matin à partir de 4 heures et ça continue maintenant. Il n’y a pas de cessez-le-feu », a affirmé à l’AFP Lila Ivanovna, dans le village d’Andriivka, près de Slaviansk. Pendant qu’elle parle, l’artillerie ukrainienne installée sur une colline dominant le village tire quelques coups de feu en direction de Slaviansk.

Le nouveau président Petro Porochenko avait indiqué vendredi que le cessez-le-feu unilatéral « ne signifie pas que nous ne répondrons pas en cas d’agression contre nos troupes ». « Nous savons comment protéger notre nation », a-t-il déclaré samedi au cours d’une visite à des soldats blessés dans un hôpital de Kiev.

Parallèlement, le chef d’état-major de l’armée russe, Valeri Guerassimov, a indiqué que plus de 65.000 soldats, plus de 180 avions, une soixantaine d’hélicoptères et environ 5.500 unités d’équipement militaire participeraient aux exercices de ces troupes basées dans l’Oural et dans l’ouest de la Sibérie, à 400 km de l’Ukraine. Mais Kiev et ses alliés occidentaux s’inquiètent aussi de la présence de nouvelles forces russes le long de la frontière.

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a quant à lui dénoncé samedi une « intensification » des opérations ukrainiennes. « Le fait que ladite opération antiterroriste de l’Ukraine connaît une intensification parallèlement à l’avancement du plan de paix est très alarmant et inquiétant », a-t-il jugé.

La Russie a accusé l’Ukraine d’avoir effectué un tir de mortier depuis son territoire sur un poste frontière russe, blessant un douanier. Moscou a demandé « une explication et des excuses », mais le ministère ukrainien de la Défense a nié avoir eu recours à des mortiers dans cette région frontalière.

Le cessez-le-feu provisoire a été rejeté vendredi par les séparatistes et la Russie, Moscou estimant qu’il ne s’agissait que d’un « ultimatum » aux insurgés et non d’une « invitation à la paix ». Le dirigeant de la république séparatiste autoproclamée de Lougansk, Valerii Bolotov, a, quant à lui, affirmé que « personne ne déposera les armes tant qu’il n’y aura pas de retrait complet des troupes gouvernementales ukrainiennes de notre territoire ».

Le cessez-le-feu doit inaugurer un plan de paix ambitieux, portant notamment sur le désarmement et la mise en place d’une zone tampon le long de la frontière russo-ukrainienne.

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