Petro Porochenko © Reuters

Ukraine : La Russie « n’a toujours pas renoncé à l’idée d’une intervention directe »

Le Vif

Le président ukrainien Petro Porochenko a accusé lundi Moscou d’avoir envoyé ces derniers jours de gros renforts aux séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine, à quelques heures d’un sommet à Berlin avec ses homologues allemand et français sur la crise ukrainienne.

Le chef d’Etat ukrainien doit présenter ses propositions pour une « désescalade » du conflit lors d’une rencontre dans l’après-midi avec la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande. Il s’agit de la première rencontre depuis les négociations marathon de Minsk en février qui avaient abouti à la signature d’accords de paix et à l’instauration d’une trêve, désormais violée à un rythme quasi-quotidien sur plusieurs points de la ligne de front. Cette fois, les dirigeants européens et ukrainien se retrouvent sans Vladimir Poutine après un récent regain des violences dans l’Est dont Kiev et Moscou se sont accusés réciproquement d’avoir provoqué. Une conférence de presse entre les trois dirigeants est prévue à 16H45 GMT.

L’absence du président russe « signifie qu’avant la rencontre dans le format Normandie (dont fait partie la Russie, ndlr), l’Ukraine, la France, l’Allemagne doivent coordonner leurs positions et leurs approches », a expliqué M. Porochenko à un petit groupe de journalistes étrangers dont l’AFP, ajoutant que les dirigeants des pays du format Normandie pourraient se retrouver à quatre en septembre. « Nous devons faire en sorte que la Russie respecte les accords de Minsk », a poursuivi le président ukrainien. A Berlin, le porte-parole d’Angela Merkel, Steffen Seibert, a souligné que le sommet à trois aurait pour but de « renforcer le processus de Minsk ». « Nous devons malheureusement constater que ces dernières semaines, la situation sécuritaire en Ukraine orientale s’est aggravée, ce qui entraîne non seulement de graves difficultés pour la population mais aussi pour la mission d’observation de l’OSCE », a-t-il poursuivi.

Avant de s’envoler pour Berlin, le chef d’Etat ukrainien a accusé le Kremlin d’avoir envoyé aux rebelles « cette semaine trois gros convois militaires » dans l’Est séparatiste prorusse et a réaffirmé à l’occasion de la fête de l’Indépendance de l’Ukraine, célébrée lundi, que la menace d’une « intervention directe » russe dans le pays existait toujours. « Moscou a fourni aux rebelles jusqu’à 500 chars, 400 systèmes d’artillerie et 950 véhicules blindés », a également indiqué M. Porochenko, sans préciser sur quelle période. La Russie « n’a toujours pas renoncé à l’idée d’une intervention directe ou à un assaut des rebelles à l’intérieur du pays » en dépit des sanctions occidentales qui « portent un coup dur à l’économie russe », a par ailleurs lancé le président ukrainien. Selon lui, 50.000 soldats russes sont déployés à la frontière de l’Ukraine et 9.000 responsables militaires russes font partie des 40.000 hommes qui font face aux forces ukrainiennes dans l’Est séparatiste prorusse. Kiev et les Occidentaux accusent la Russie d’armer les rebelles de l’Est et d’y avoir déployé des troupes régulières, ce que Moscou dément catégoriquement. Plus de 6.800 personnes, principalement des civils ont péri depuis le début du conflit en avril 2014.

La guerre pour l’indépendance dure toujours

Pour M. Porochenko, dans l’année à venir, l’Ukraine va « marcher sur une fine couche de glace où chaque pas imprudent pourrait devenir fatal ». « La guerre pour l’Indépendance dure toujours » », a-t-il conclu. Des soldats qui ont combattu les rebelles séparatistes ont marché dans le centre-ville à l’occasion de la fête de l’Indépendance, salués par des Ukrainiens dont la plupart portaient des chemises brodées traditionnelles. Contrairement à l’année précédente, des armes lourdes n’ont pas été exhibées sur l’avenue principale de Kiev, Khrechtchatik. Ce défilé-là avait alors coïncidé avec l’encerclement des troupes ukrainiennes à Ilovaïsk, devenu la bataille la plus meurtrière du conflit: 366 soldats ukrainiens y sont morts, selon les chiffres officiels. Quelques jours plus tard, le président Porochenko avait dû signer une première série d’accords de paix jugés humiliants par beaucoup en Ukraine.

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