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Ukraine : la nouvelle vie des McDonald’s

Le Vif

Le logo jaune en forme de M, le brouhaha des files d’attente, les enfants ballons à la main… Pas grand-chose n’a changé dans cet ancien McDonald’s de l’est rebelle de l’Ukraine. Sauf le nom.

Implanté à Lougansk, l’un des bastions des séparatistes prorusses, ce fast-food a été abandonné par la chaîne américaine McDonald’s en 2014, quand a commencé le conflit entre insurgés et forces de Kiev, qui a fait depuis près de 9.500 morts.

Repris par des entrepreneurs locaux, il a été renommé « Burger ».

Mais pour le reste, la ressemblance avec la chaîne américaine est troublante : l’écriteau « McDrive » est toujours en place et le menu propose des « Big Mag » au lieu des célèbres « Big Mac ».

« C’est comme ça en LNR », la République populaire de Lougansk, « les grands magasins et cafés sont repris par les autorités et elles modifient un peu le nom. Elles ne peuvent rien inventer de nouveau », dit Nikita, un étudiant de 18 ans, accompagné de quatre camarades de classe.

Etudiants en sciences humaines à l’université située juste en face du « Burger », ils se rendent régulièrement au fast-food depuis la réouverture des lieux il y a environ deux mois, comme ils le faisaient avant le déclenchement du conflit.

« Aux Etats-Unis, je ne mangeais pas souvent au McDonald’s », confie Dan Bertsch, un Américain de 50 ans arrivé à Lougansk il y a trois ans, avant le début des hostilités, pour se marier avec une habitante locale. « Mais à Lougansk, j’aime bien », dit-il.

« Il n’y a pas beaucoup de choix de nourriture ici à cause de la guerre », confie cet homme originaire de Virginie (ouest des Etats-Unis) et qui porte un tee-shirt à l’effigie du président russe Vladimir Poutine.

‘Meilleur’ que McDonald’s

Grande différence: les prix, en forte hausse. Avec une portion de frites à 90 roubles, soit un peu plus d’un euro, une somme non négligeable vu le niveau de vie de la région, Nikita ne peut plus se permettre « que deux portions de frites ».

« C’est devenu trop cher ici », déplore-t-il. « Pourtant l’endroit avait été construit pour les étudiants ».

Le gérant du « Burger », Sergueï, un jeune homme de 25 ans, explique les tarifs élevés par les difficultés de livraison.

« On se différencie par la qualité des produits, les nôtres sont meilleurs », explique-t-il, disant importer ses produits de Finlande.

McDonald’s, qui a fermé en 2014 tous ses restaurants dans les zones contrôlées par les rebelles, a déclaré dans un communiqué « n’avoir rien à voir avec les activités commerciales menées dans les locaux de McDonald’s dans les villes de Donetsk et Lougansk ».

La firme américaine indique avoir contacté les autorités ukrainiennes, qui ne contrôlent plus la région, pour dénoncer une « saisie illégale de locaux ».

– Une heure d’attente à ‘DonMak’ –

A Donetsk, autre fief rebelle dans l’est de l’Ukraine, deux autres répliques de McDonald’s ont également ouvert leurs portes sous le nom de « DonMak » début juillet. Situés dans les anciens locaux de la chaîne américaine, ils proposent le même genre de produits, comme à Lougansk.

Leur ouverture a fait sensation dans cette capitale des séparatistes prorusses : les premiers jours, les habitants attendaient plus d’une heure pour commander un Coca-Cola, un hamburger et des frites.

Elena, une jeune femme au foyer, a ainsi patienté 40 minutes en jouant des coudes dans une salle bondée pour passer commande pour son fils.

« Avant, je me demandais toujours où emmener mon enfant », dit-elle. « Maintenant, on peut fêter son anniversaire ici ».

Et peu importe si l’ouverture de ce fast-food contredit les discours des autorités rebelles dénonçant toute influence occidentale dans l’est de l’Ukraine.

« Cela aurait peut-être valu le coup d’ouvrir quelque chose de russe », admet Elena. Avant d’ajouter, sourire aux lèvres : « Mais on s’est habitué à ce qu’il y ait un McDonald’s à Donetsk ».

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