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Ukraine : Ianoukovitch annonce une présidentielle anticipée

Le Vif

Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch a annoncé vendredi une élection présidentielle anticipée, une réforme constitutionnelle et la formation d’un gouvernement d’unité nationale, des concessions majeures après le bain de sang la veille dans le centre de Kiev.

« J’annonce le lancement d’une procédure en vue d’une présidentielle anticipée », a déclaré le président dans un communiqué, sans en préciser la date. « Je lance aussi le processus du retour à la Constitution de 2004 » qui réduit les pouvoir présidentiels au profit du gouvernement et du Parlement ainsi que la formation d’un « gouvernement d’unité nationale ».

Les violences ont fait au moins 80 morts dont 16 policiers

Les violences entre manifestants et forces de l’ordre à Kiev ont fait au moins 80 morts depuis mardi, selon un bilan officiel publié vendredi matin par le ministre ukrainien de l’Intérieur Vitali Zakhartsjenko.

M. Zakhartsjenko a présenté ses condoléances aux familles et aux proches des victimes, dans un discours vendredi. « Ces derniers jours resteront gravés dans l’histoire de l’Ukraine comme des jours de deuil », a-t-il affirmé.

Selon le ministre, les violences entre opposants au gouvernement et forces de l’ordre ont fait 80 morts, dont 16 policiers, depuis mardi.

Le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, a condamné vendredi à Athènes « le scandaleux bain de sang » et a appelé à nouveau l’armée à rester en dehors de cette crise.

« Le gouvernement ukrainien a la particulière responsabilité de faire en sorte que les forces armées ne s’impliquent pas dans cette crise politique », a réitéré M. Rasmussen à l’issue d’un entretien avec le Premier ministre grec Antonis Samaras dont le pays assure la présidence semestrielle de l’Union européenne (UE).

M. Rasmussen a « demandé instamment à toutes les parties d’arrêter cette spirale de violence », et il a souligné que « le dialogue est la seule voie pour arriver à une solution pacifique ».

Déjà mercredi soir, M. Rasmussen avait indiqué que l’Otan pourrait remettre en cause sa coopération avec l’Ukraine « si l’armée intervient contre l’opposition ».

La présidence ukrainienne a annoncé vendredi la conclusion d’un accord politique, une information qui n’était pas confirmée dans la matinée par les diplomates européens ou les membres de l’opposition impliqués.

Les relations entre l’Otan et l’Ukraine ont été officiellement lancées en 1991, lorsque l’Ukraine est devenue membre du Conseil de coopération nord-atlantique (rebaptisé « Conseil de Partenariat euro-atlantique » en 1997), immédiatement après avoir obtenu son indépendance au moment de l’éclatement de l’URSS.

En avril 2008, au sommet de Bucarest, les dirigeants des pays alliés étaient convenus que l’Ukraine avait vocation à devenir membre de l’Otan. Mais en 2010, le gouvernement nouvellement élu du président Viktor Ianoukovitch a indiqué qu’il ne poursuivait pas pour l’instant l’objectif d’une adhésion à l’Otan, tout en souhaitant maintenir le niveau existant de coopération avec l’Alliance.

Les négociations à Kiev vont reprendre à midi

Les négociations des ministres de l’UE à Kiev vont « reprendre à midi heure locale », a déclaré le porte-parole du ministère polonais des Affaires étrangères Marcin Wojciechowski.

Après des négociations marathon dans la journée de jeudi et dans la nuit de jeudi à vendredi à Kiev entre Radoslaw Sikorski et Frank-Walter Steinmeier, le président ukrainien Viktor Ianoukovitch et l’opposition, il y a une pause en ce moment et « une prochaine rencontre aura lieu à midi heure locale ».

La présidence ukrainienne a de son côté annoncé un peu plus tôt dans un communiqué vendredi matin qu’un accord avait été trouvé entre le pouvoir ukrainien, l’opposition, l’UE et la Russie.

« Les négociations pour résoudre la crise politique entre le président Viktor Ianoukovitch, les responsables de l’opposition, et les représentants de l’Union européenne et de la Russie ont abouti à un accord qui doit être signé à midi (10H00 GMT) à la présidence », selon le communiqué.

Les négociateurs européens se sont déclarés plus prudents. Le ministère allemand des Affaires étrangères a qualifié les négociations de « très difficiles » vendredi matin, selon la délégation allemande.

Et sur son compte twitter, le ministre polonais Radoslaw Sikorski n’a écrit que ces mots: « après des négociations qui ont duré toute la nuit, la discussion a cessé à 07H20 ».

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