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UE: définir les priorités face à la vague d’europhobie et nommer le président de la Commission

Le Vif

Les dirigeants européens ont décidé mardi de revoir les priorités de l’UE pour répondre à la vague europhobe des élections européennes, avant de nommer le prochain président de la Commission.

Les chefs d’Etat et de gouvernement des 28 étaient réunis à Bruxelles deux jours après ce scrutin qui a vu notamment l’extrême droite arriver en tête en France et les europhobes de l’Ukip au Royaume-Uni.

Ils ont donné « mandat » au président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, pour « conduire des consultations avec le Parlement européen, les différents groupes parlementaires dès qu’ils seront constitués », ainsi qu’avec les dirigeants eux-mêmes.

Elles doivent porter « sur les nominations », à commencer par celle du président de la Commission, et sur les « priorités » pour les cinq prochaines années, a-t-il précisé à l’issue d’un dîner de quatre heures entre les 28 à Bruxelles.

M. Van Rompuy a souligné qu’il avait rencontré Jean-Claude Juncker, le candidat du PPE, le parti de centre-droit arrivé en tête des élections. Mais le choix du prochain chef de l’exécutif européen est encore loin d’être acquis.

« C’est le PPE qui a gagné les élections », a reconnu le président français François Hollande, ajoutant que M. Van Rompuy devait « regarder s’il y a la possibilité d’une majorité au Conseil et au Parlement ». Il « va vérifier si ces deux majorités existent et si ce n’est pas le cas, il reviendra devant le Conseil européen ».

La chancelière allemande, Angela Merkel, a dit de même lors de sa conférence de presse.

Fort de la position de premier parti du nouveau Parlement, avec 213 sièges sur 751, le candidat du Parti populaire européen (PPE, centre-droit), Jean-Claude Juncker, revendique le poste. Mais il lui faut former une majorité, et la seule possibilité pour l’atteindre est une grande coalition avec les socialistes (191 sièges), avec l’apport probable des libéraux (64).

Les chefs des groupes politiques du Parlement ont demandé mardi aux dirigeants de l’UE de laisser M. Juncker tenter de trouver cette majorité.

M. Juncker « pourra obtenir le soutien » des socialistes, « à la condition qu’il présente un programme dont les priorités seront la création d’emplois et des investissements pour la croissance, une politique européenne d’immigration globale et une lutte efficace contre l’évasion fiscale », a déclaré le président du groupe, Hannes Swoboda.

Mais plusieurs dirigeants de droite refusent de le soutenir: le conservateur Britannique David Cameron et le libéral néerlandais Mark Rutte, mais aussi des chefs de gouvernement PPE comme le Hongrois Viktor Orban, le Suédois Fredrik Reinfeldt et le finlandais Jyrki Katainen, selon plusieurs sources européennes.

Au final, « il n’est pas exclu que Juncker ne soit pas celui qui soit désigné », a souligné une source européenne.

L’idée est que les consultations de M. Van Rompuy se terminent à temps pour que lors de leur prochain sommet, fin juin, les 28 puissent proposer un nom à soumettre au Parlement. Mais il pourra alors s’inscrire dans le cadre d’un « paquet » avec ceux des trois autres postes majeurs des institutions de l’UE: président du Conseil, président du Parlement et de chef de la diplomatie.

Selon le Premier ministre irlandais, Enda Kenny, M. Van Rompuy devrait rendre compte de sa mission dans les deux à trois semaines. « Cela ne devrait pas traîner trop longtemps », a-t-il souhaité.

Après le vote de défiance sans précédent de dimanche dans plusieurs pays, les dirigeants européens veulent aussi fixer des « priorités » à l’UE et à la prochaine Commission. M. Van Rompuy a cité « la croissance, la compétitivité et les emplois », « une union monétaire qui fonctionne mieux, la lutte contre le « changement climatique », le projet d’une « union de l’énergie » et le « combat contre l’immigration illégale ».

MM. Hollande et Cameron ont demandé que l’Europe se réforme. « Je veux que l’Europe change. Elle doit entendre ce qui s’est passé en France », a lancé le président français. « Oui, il y a un problème, mais pas seulement pour la France », a-t-il affirmé. « C’est aussi un problème pour l’Europe ».

Le Premier ministre britannique a lui aussi réclamé une réforme de l’UE. « Elle est devenue trop grosse, trop autoritaire, trop intrusive », a-t-il tonné. Mis en difficulté par l’Ukip, qui réclame la sortie du Royaume-Uni de l’UE, M. Cameron exige une limitation des interventions de l’Europe « là où elles sont nécessaires ».

Fort de son succès aux européennes –il a fait triompher le centre-gauche et refluer le populiste Beppe Grillo–, le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, a demandé lui aussi un « changement des politiques européennes ». « Je suis plus intéressé par les choses à faire: créer des emplois, mieux dépenser l’argent européen, que par une discussion sur un poste ou une fonction ».

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