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Turquie: L’Otan approuve le déploiement de missiles à la frontière syrienne

Les pays de l’Otan ont accru mardi la pression internationale sur le régime du président syrien Bachar al-Assad en donnant leur feu vert au déploiement de missiles Patriot en Turquie le long de la frontière syrienne et en le mettant en garde contre un recours à des armes chimiques.

L’Otan a approuvé mardi soir le déploiement de systèmes de missiles antiaériens à capacité antibalistique en Turquie afin de protéger cet allié d’éventuels tirs de missiles depuis la Syrie voisine, plongée dans une guerre civile depuis près de deux ans.

« En réponse à la demande formulée par ce pays, l’Otan a décidé de renforcer les capacités de défense aérienne de la Turquie afin d’assurer la défense de sa population et de son territoire et de contribuer à la désescalade de la crise à la frontière de l’Alliance », ont indiqué les ministres des Affaires étrangères des 28 pays membres dans un communiqué.

« Nous avons décidé de le faire dans le cadre du système Otan de défense aérienne intégrée afin de préserver, de protéger et d’accroître l’aptitude à défendre la population et le territoire de la Turquie conformément au plan permanent de défense de l’Otan », ajoute le texte.

« Nous saluons l’intention de l’Allemagne, des Pays-Bas et des Etats-Unis de mettre à disposition des batteries de missiles Patriot, sous réserve de leurs procédures nationales respectives. Ces systèmes se trouveront sous le commandement opérationnel du commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR). Tout déploiement, quel qu’il soit, sera purement défensif. Il ne sera nullement utilisé pour faciliter la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne ou le lancement d’une quelconque opération offensive », assurent les chefs de la diplomatie alliés.

Le secrétaire général de l’Alliance, Anders Fogh Rasmussen, a pour sa part qualifié la menace posée par les armes chimiques syriennes de « sujet de forte préoccupation » pour l’ensemble des alliés.

Les craintes liées à ces armes ont brusquement refait surface ces derniers jours, alors que les forces rebelles mettaient en difficulté l’armée officielle, notamment autour de l’aéroport de la capitale, Damas.

Le président américain Barack Obama a averti Damas, lundi, que « le recours à des armes chimiques serait totalement inacceptable ».

Quelques heures plus tard, l’adjectif « inacceptable » a été repris par plusieurs ministres réunis à Bruxelles, dont l’Allemand Guido Westerwelle, le Français Laurent Fabius et le Britannique William Hague.

M. Rasmussen a prévenu que le régime de M. Assad serait confronté à « une réaction immédiate de la communauté internationale » s’il utilisait des armes chimiques.

Damas a cependant réaffirmé lundi « qu’elle ne fera pas usage de ce genre d’armes, si elle en possède, contre son peuple ».

Présent mardi à Bruxelles pour une réunion du Conseil Otan-Russie, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a appelé les Occidentaux à ne pas « exagérer » les « rumeurs » circulant sur cette menace. Il a toutefois précisé que Moscou restait opposé à l’utilisation des armes chimiques, comme le stipulent les règles internationales.

L’arsenal chimique syrien est considéré comme l’un des plus importants du Proche-Orient, après avoir bénéficié de l’aide de la Russie et de l’Iran. Mais il reste difficile d’évaluer ses quantités et son état réel.

Un responsable américain a affirmé lundi que Damas était en train de mélanger les composants nécessaires à la militarisation du gaz sarin, un puissant neurotoxique qui provoque une paralysie complète puis la mort.

Il revient désormais aux trois pays possédant des Patriot dans leur dernière version PAC-3 – Etats-Unis, Allemagne et Pays-Bas – de décider du nombre de batteries, de la date et de la durée de leur déploiement.

En raison des délais nécessaires, liés notamment à l’approbation parlementaire en Allemagne et dans une moindre mesures aux Pays-Bas, les Patriot devraient être opérationnels au cours du premier trimestre 2013, a souligné un diplomate.

De 300 à 400 militaires de ces pays pourraient être stationnés en Turquie afin de faire fonctionner les quatre à six batteries qui pourraient être déployées à Malatya, Diyarbakir et Sanliurfa, selon des sources militaires. Ces lieux, principalement la base aérienne de Diyarbakir, ont déjà été utilisés pour de précédents déploiements de Patriot en 1991 et 2003, lors des guerres en Irak.

LeVif.be, avec Belga

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