Philippe Hensmans, le directeur d'Amnesty International Belgium, protestant en juillet 2017 contre l'emprisonnement d'Idil Eser. © REUTERS

Turquie : jusqu’à 15 ans de prison requis pour 11 militants des droits de l’homme

Le Vif

Le parquet d’Istanbul a requis, dimanche, entre sept ans et demi et 15 ans d’emprisonnement pour onze militants des droits de l’homme, pour la plupart interpellés en juillet et accusés de liens avec une « organisation terroriste », selon l’agence Dogan.

Parmi les accusés figurent Idil Eser, directrice d’Amnesty International en Turquie et Taner Kiliç, président de l’organisation en Turquie, ainsi qu’un citoyen allemand et un suédois.

Neuf des militants, dont huit sont actuellement en détention, sont poursuivis pour « assistance à une organisation terroriste armée », tandis que M. Kiliç est poursuivi pour « appartenance à une organisation terroriste », précise Dogan.

Le parquet a réclamé entre 7 ans et demi et 15 ans de prison pour les accusés, selon Dogan.

M. Kiliç a été interpellé en juin, accusé d’avoir utilisé l’application de messagerie cryptée ByLock, qu’Ankara considère comme l’outil de communication privilégié des auteurs du putsch manqué du 15 juillet 2016.

Les autorités turques accusent le prédicateur Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis, d’avoir fomenté cette tentative de coup d’Etat, ce que l’intéressé nie fermement.

Les autres militants ont été interpellés le 5 juillet au cours d’un atelier de formation à la sécurité informatique et à la gestion des données sur l’île de Büyükada, au large d’Istanbul.

L’Allemand et le Suédois jugés dans cette affaire étaient formateurs lors de cet atelier. L’agence Dogan ne précisait pas quelle « organisation terroriste » ils sont accusés d’avoir aidé, cette expression désignant généralement tant les réseaux gulénistes, que les séparatistes kurdes du PKK ou un groupuscule d’extrême gauche, le DHKP-C.

Au moment de leur arrestation, Amnesty International avait dénoncé « un effroyable affront à la justice ».

Ces interpellations avaient provoqué une violente passe d’armes entre Ankara et Berlin, excédé par l’interpellation de son ressortissant. L’Allemagne avait ainsi haussé le ton vis-à-vis de la Turquie en annonçant une réorientation de sa politique, notamment économique, à l’égard de ce partenaire historique.

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