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Turquie: décision attendue dans le procès Cumhuriyet

Un tribunal d’Istanbul doit décider vendredi de remettre ou non en liberté provisoire plusieurs journalistes du quotidien d’opposition Cumhuriyet, jugés pour soutien au « terrorisme ».

Le procès, qui a démarré lundi, a repris vendredi matin avec les plaidoiries des avocats, a constaté un journaliste de l’AFP.

Au total, 17 journalistes, dirigeants et autres collaborateurs actuels ou passés de Cumhuriyet, sont jugés notamment pour avoir aidé diverses « organisations terroristes armées » et risquent jusqu’à 43 ans de prison.

Parmi eux, 11 sont en détention préventive, la plupart depuis près de neuf mois, et leurs proches et avocats demandent leur remise en liberté provisoire pour le reste du procès. Une décision à ce sujet est attendue vendredi.

L’acte d’accusation cite les séparatistes kurdes du PKK, un groupuscule d’extrême gauche appelé DHKP-C et le mouvement du prédicateur exilé aux Etats-Unis Fethullah Gülen, désigné par Ankara comme le cerveau de la tentative de putsch, ce que celui-ci dément catégoriquement.

Cumhuriyet, fondé en 1924 et qui s’est forgé une solide réputation à force de scoops embarrassants pour le pouvoir, dénonce un procès politique visant à abattre l’un des derniers organes de presse indépendants du pays.

« La liberté, tout de suite », titrait Cumhuriyet en une, vendredi. « La décision que rendra aujourd’hui le tribunal déterminera également l’avenir de la démocratie turque », poursuit Cumhuriyet.

Certains des plus grands noms du journalisme turc se sont défendus à la barre des accusés cette semaine, comme le chroniqueur francophone Kadri Gürsel, le journaliste d’investigation Ahmet Sik ou encore le féroce caricaturiste Musa Kart.

C’est le cas, également, du patron du journal, Akin Atalay, et du rédacteur en chef, Murat Sabuncu.

Pour les défenseurs des droits de l’Homme, cette affaire est emblématique de l’érosion des libertés depuis le putsch manqué du 15 juillet 2016, suivi de purges massives qui ont submergé les milieux critiques, des élus prokurdes aux médias, en passant par des ONG.

Selon le site P24, spécialisé dans la liberté de la presse, 166 journalistes sont détenus en Turquie, dont la majorité dans le cadre de l’état d’urgence décrété après la tentative de putsch.

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