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Tunisie : le parti au pouvoir sous le feu des critiques

En Tunisie, les tensions entre le parti islamiste Ennahda et la communauté salafiste sont fortes. Un imam en colère appelle les jeunes islamiques à se révolter contre le gouvernement. Lors d’une apparition à la télévision, il a demandé aux jeunes tunisiens de « lever leur linceul pour protester contre le parti Ennahda ».

Depuis plusieurs semaines, les violences perdurent entre les salafistes extrémistes et les autorités. Mardi, l’imam de la mosquée d’ Ennour a été tué suite à des affrontements avec les policiers. Des centaines de croyants en colère sont venus rendre un dernier hommage au jeune imam, dénonçant l’acharnement des autorités envers leur lieu de culte. En représailles, le nouvel imam, Nasreddine Aloui a déjà appelé au djihad pour contrer le parti en place, Ennahda. Il a exprimé ces critiques envers le ministre de l’Intérieur, Ali Larayedh, lors d’une émission télévisée tunisienne. Pour lui la reconstruction du pays se fait « sur les ruines et les cadavres du mouvement salafiste ». Nasreddine Aloui remet également en cause l’influence des Etats-Unis dans l’élaboration des lois et de la nouvelle constitution tunisienne.

Deux membres du parti Ennahda invités également à l’émission lui reprochent « un discours d’incitation à la haine ». Le ministre de l’Intérieur Ali Larayedh a d’ailleurs réaffirmé sa volonté de « serrer la vis » contre les mouvements rebelles salafistes suite aux attaques sanglantes de ces dernières semaines. Il promet plus de fermeté dans l’action contre ces groupes. Il autorise même les policiers à utiliser tous les moyens nécessaires permis par la loi pour faire respecter l’ordre.

Même les forces de l’ordre appellent à l’aide

Les policiers restent sceptiques face au discours du ministre de l’Intérieur. Ils dénoncent les menaces et les violences proférées par les rebelles salafistes à l’égard des forces de l’ordre et de la population. Plus de 200 agents ont manifesté hier devant le ministère de la Justice. Policiers, agents de la Garde nationale, de la protection civile et présidentielle disent vouloir être mieux protégés. Ils réclament des équipements et des moyens de représailles adaptés contre l’opposition.

La critique d’Ennahda n’en finit plus

Mais les paroles ne suffisent pas à convaincre l’opposition. Et les critiques ne cessent de fuser envers le gouvernement en place. Souad Abderahim, député au sein du parti Ennahda estime que « l’évolution de la sécurité dans le pays a beaucoup évolué depuis la révolution ». Mais l’opposition n’est pas de cet avis. Pour Ahmed Brahim, président du parti Al Massar, la décision de prolonger l’état d’urgence est déjà une preuve d’échec sur la question de la sécurité intérieure. D’autres préconisent même de mettre en place un ministre de l’intérieur apolitique pour régler les problèmes. Et beaucoup se rejoignent sur l’incompétence et l’inaptitude du parti à surmonter la crise.

Violaine Krebs (stg)

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