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Tunisie : Ennahda choisit une voie « centriste »

Le congrès d’Ennahda, mouvement clandestin hier, parti de gouvernement aujourd’hui, s’est conclu le 16 juillet après quatre jours de débat visant à définir sa nouvelle ligne politique.

Alors que des élections générales sont annoncées pour le mois de mars 2013, Ennahda, le parti islamiste qui tenait, du 12 au 16 juillet, son premier congrès sur le sol tunisien depuis 1988, vient de démontrer qu’il est prêt à toutes les contorsions pour rester la première force politique du pays. Les sujets au menu des discussions ont été : la définition du système politique souhaité, la restructuration interne, une réflexion globale sur les grandes orientations du parti.

Conscient des différents courants qui le traversent, Ennahda s’est donc apprêtée à faire des choix et par là même à clarifier sa position vis-à-vis des plus radicaux. Le leader Gannouchi, en ouvrant le Congrès, a appelé le peuple à rester uni et à miser sur un consensus national pour l’intérêt d’un pays qui passe par une période difficile, qu’il a qualifiée de « normale » après une révolution. « Notre pays est le déclencheur d’un printemps arabe qui a enchaîné les victoires en attendant celle du peuple syrien », a-t-il ajouté.

Les congressistes ont choisi d’engager Ennahda dans une voie « centriste » et « modérée », suivant en cela leur président Rached Ghannouchi, reconduit à l’issue du congrès. Les tenants d’une ligne plus radicale ont regretté le « compromis » amorcé en mars lorsqu’Ennahda avait renoncé à défendre l’inscription, à ce stade, de la charia (loi coranique) dans la future constitution. Ce geste n’avait pourtant pas suffi à fait taire les critiques, dans les rangs de l’opposition et de la société civile, sur le « laxisme » voire la « complaisance » du parti au pouvoir à l’égard de la mouvance salafiste, responsable de plusieurs incidents violents ces derniers mois. L’opposition tunisienne craint encore aujourd’hui une dérive autoritaire.

Toutefois, ces accusations ont été relayées par le chef de l’État Moncef Marzouki, membre du Congrès pour la République (CPR), l’un des trois partis de la coalition gouvernementale. Les désaccords et les tensions qui régulièrement font tanguer la coalition au pouvoir ne l’ont pas jusqu’ici balayé.

Le parti Ennahda dit même envisager aujourd’hui d’élargir le cercle, au nom du nécessaire « consensus national ». Les islamistes, clairement, ne souhaitent pas gouverner seuls. Ils voudraient jouer l’apaisement avec les alliés de centre gauche après les dernières tensions. C’est donc une ligne assez modérée et centriste, faite pour le compromis, celle qui ressort du premier congrès, organisé en toute légalité depuis 1988.

Ils ont réaffirmé aussi au cours de ce congrès leur préférence pour un véritable système parlementaire alors que les deux autres partis de la coalition gouvernementale de centre-gauche privilégient un régime mixte laissant des prérogatives au chef de l’État.

Reste que ces assises n’auront pas réussi à dissiper l’image d’une formation qui peine à se libérer de son histoire. La jeune génération a le sentiment d’être « mise à l’écart » au profit des membres fondateurs du parti, qui entendent prendre leur revanche après des années passées en exil ou en prison.

Le Vif.be avec l’Express

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