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Tueries de Maïdan: Kiev met en cause Moscou

Le Vif

Les nouvelles autorités ukrainiennes ont accusé jeudi les services russes d’être impliqués dans les tueries de fin février lors des manifestations de Kiev qui ont débouché sur la chute du régime pro-russe.

Des accusations explosives, alors que Moscou venait d’assurer que certains bataillons massés près de la frontière avec l’Ukraine, déploiement qui avait fait craindre une invasion, devaient retourner à leur base.

« Des agents du FSB (services secrets russes ndlr) ont participé à la planification et à la mise en oeuvre de la soi disant opération anti-terroriste », a affirmé le chef des services de sécurité ukrainiens Valentin Nalivaïtchenko lors d’une conférence de presse sur les résultats préliminaires de l’enquête concernant les tirs mortels du Maïdan, la place de l’Indépendance au centre de la capitale.

C’est le président pro-russe déchu Viktor « Ianoukovitch (qui) a donné l’ordre criminel pour l’opération +antiterroriste du 18 au 20 février, autorisant l’usage des armes contre les manifestants », a-t-il poursuivi, flanqué du ministre de l’Intérieur du nouveau pouvoir intérimaire, Arsen Avakov. Les deux hommes ont toutefois indiqué ne pouvoir identifier avec certitude les snipers qui avaient ouvert le feu.

Le FSB a aussitôt démenti: « Que ces déclarations restent sur la conscience des services de sécurité ukrainiens », a déclaré le service de presse du FSB, interrogé par l’agence russe Ria Novosti.

Moscou et le camp pro-russe accusent eux des mouvements nationalistes ukrainiens d’être responsables des tueries, notamment le groupe d’extrême-droite Pravy Sektor (secteur droit), accusations encore répétées la semaine dernière par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

A Kiev, le parquet général a annoncé jeudi matin l’arrestation de douze membres d’une « unité noire » des anciennes forces spéciales antiémeutes, les « Berkout », soupçonnés d’être impliqués dans les tueries de fin février.

Les accusations du pouvoir pro-européen de Kiev risquent en tout cas de raviver les tensions entre Russie et Occidentaux alors que le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, a jugé mercredi « incroyablement inquiétante » la présence massive de troupes russes à la frontière ukrainienne. Le plus haut gradé de l’Alliance en Europe, le général américain Philip Breedlove, a lui estimé que les soldats russes pourraient mener à bien en trois à cinq jours d’éventuelles opérations dans l’est et le sud russophones de l’Ukraine.
M. Lavrov a répliqué en soulignant que, « en ce qui concerne le mouvement de troupes sur le territoire de la Fédération russe, il n’existe pas de restrictions ». Et a, en retour, demandé à l’Otan de s’expliquer sur le renforcement de sa présence en Europe de l’Est et de préciser si ces mouvements étaient conformes aux accords en vigueur. « Nous avons posé cette question à l’Alliance atlantique. Nous attendons une réponse qui ne soit pas seulement une réponse mais qui soit entièrement basée sur le respect des règles que nous avons élaborées », a insisté le ministre.

Le chef de la diplomatie russe devait accueillir ce jeudi ses homologues des pays alliés de Moscou au sein de l' »Otan russe », soit la Biélorussie, l’Arménie, le Kazakhstan, le Kirghizstan et le Tadjikistan.

Les responsables russes ont entamé parallèlement jeudi des négociations sur les livraisons de gaz à l’Ukraine, que Moscou utilise comme une arme dans son bras-de-fer avec Kiev.
Le ministre ukrainien par intérim de l’Energie Iouri Prodan et le président de Naftogaz Ukraine Andriï Kobolev, accompagnés de parlementaires ukrainiens, devaient avoir pour interlocuteur à Moscou le président du géant gazier russe Gazprom, Alexeï Miller.

Alors que Kiev dépend pour les trois-cinquièmes de ces livraisons, Gazprom a annoncé mardi une augmentation de plus d’un tiers du prix du gaz vendu à l’Ukraine. La Russie a également annulé le dernier rabais octroyé à l’Ukraine sur ses livraisons de gaz.

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