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Tshisekedi : prestation de serment à domicile

L’opposant Etienne Tshisekedi s’est autoproclamé président « élu » de la République démocratique du Congo (RDC). Toute tentative de rassemblement de ses partisans en public ayant été réprimée par la police il a prêté serment à domicile.

Tôt le matin, les autorités ont déclaré interdite la manifestation prévue au stade de Martyrs – le plus grand de la capitale congolaise – lors de laquelle l’opposant de 79 ans devait « prêter serment » devant « le peuple congolais », comme il l’avait annoncé lui-même dès dimanche.

Une manifestation interdite
« Il n’y a pas de manifestation, elle est interdite. Il y a déjà un président élu qui a prêté serment. On ne peut pas prêter serment à nouveau, c’est un acte de subversion. On doit empêcher de poser cet acte contraire à la Constitution », a déclaré à l’AFP une source proche du chef de la police congolaise. Les forces de l’ordre ont rapidement bouclé le quartier Limete, dans l’est de la capitale, où M. Tshisekedi a sa résidence, non loin du siège de son parti, l’Union pour la Démocratie et le Progrès social (UDPS).

Les journalistes ont été interdits d’approcher de la résidence de l’opposant et les regroupements de ses partisans ont été dispersés à coup de gaz lacrymogène par la police, qui a procédé à des arrestations. En milieu d’après-midi, devant l’impossibilité de se rendre au stade des Martyrs, M. Tshisekedi a prêté serment à son domicile, en présence de plusieurs dizaines de ses partisans et responsables politiques de l’opposition, a constaté une journaliste de l’AFP.

Prestation de serment à domicile
Avant la prestation, son directeur de cabinet, Albert Moleka, a lu une déclaration affirmant que la RDC passait « du régime oligarchique animé par M. Kabila et sa suite à celui, réellement démocratique, où le peuple congolais s’est choisi un président de la République par la voie des urnes ».M. Tshisekedi a ensuite prêté serment la main droite levée et la gauche sur une bible. Dans la matinée, les forces de l’ordre étaient massivement déployées aux abords du stade des Martyrs, une imposante enceinte de 80.000 places près du centre-ville, dispersant avec des tirs de gaz lacrymogène les partisans du leader de l’UDPS qui tentaient de se regrouper.

« Le Congo n’a pas voté pour Kabila. Le président légitime c’est Etienne Tshisekedi »
Quelques tirs à balle réelle ont également été entendus, sans faire de blessé, selon les premières constatations de journalistes de l’AFP. Plusieurs dizaines de manifestants, rassemblés aux cris de « Tshisekedi président » ont été arrêtés. « Le Congo n’a pas voté pour Kabila. Le président légitime c’est Etienne Tshisekedi, c’est pour lui que nous avons voté, c’est lui qui va diriger le pays. Nous avons entendu la voix de notre président et nous voulons entrer dans le stade. Il ne peut pas y avoir deux présidents au Congo », a expliqué devant le stade un homme d’une trentaine d’années, en costume. Ailleurs la ville est restée calme, les commerces étaient ouverts et les taxis ont circulé.

Le carton d’invitation officiel pour la « cérémonie de prestation de serment du président élu » M. Tshisekedi, titré « Présidence de la République, protocole d’Etat », donnait un programme détaillé du déroulement de la matinée, avec notamment l’arrivée minutée des « officiers supérieurs militaires et la police nationale », « des hauts magistrats », « des ambassadeurs » ou encore « des présidents et délégations de pays frères et amis ». L’opposant de 79 ans s’est autoproclamé « président élu » après avoir rejeté les résultats de l’élection présidentielle à un tour du 28 novembre, entachée de nombreuses irrégularités dénoncées notamment par des missions d’observation et plusieurs pays.

Le président sortant Joseph Kabila a officiellement été réélu avec 48,95% des suffrages, contre 32,33% à son rival, arrivé second devant neuf autres candidats. Le chef de l’Etat, proclamé réélu pour un second quinquennat par la Cour suprême de Justice (CSJ), a été officiellement investi et a prêté serment mardi à Kinshasa, mais dans un relatif isolement diplomatique – le seul président étranger présent était le Zimbabwéen Roger
Mugabe et la plupart des pays occidentaux étaient représentés par leur ambassadeur.

Sans le nouveau chef de la diplomatie belge

Le nouveau chef de la diplomatie belge , Didier Reynders, a regretté l’absence d' »examen plus approfondi, critique et indépendant des résultats » par la CSJ. Il a dès lors renoncé à se rendre à Kinshasa, comme il l’avait un moment envisagé, pour la prestation de serment de M. Kabila, tout en indiquant envisager de se rendre en RDC après une mise en place de l’Assemblée nationale – les résultats des élections législatives sont attendus le 13 janvier prochain – « dans des conditions meilleures que pour les élections présidentielles ».

LeVif.be avec Belga

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