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Trump s’insurge après de nouvelles révélations dans les affaires russes

Le Vif

Le président américain Donald Trump a qualifié jeudi de « bidons » les affaires russes qui empoisonnent son début de mandat, répondant à de nouvelles révélations selon lesquelles le procureur spécial Robert Mueller cherche à savoir s’il a voulu faire entrave à la justice.

« Ils ont fabriqué une collusion bidon avec l’histoire russe, ils n’ont trouvé aucune preuve, et donc maintenant ils se lancent dans l’entrave à la justice sur cette histoire bidon. Sympa », a tweeté jeudi matin Donald Trump.

Dans un deuxième tweet, il a dénoncé « la plus grande chasse aux sorcières de l’histoire politique des Etats-Unis ».

L’enjeu est considérable pour le président américain. Si des preuves d’entrave à la justice étaient réunies, cela pourrait en théorie ouvrir la voie à une procédure de destitution.

Le procureur spécial Robert Mueller, ancien chef du FBI, interroge actuellement de hauts responsables du renseignement pour déterminer si le président américain a tenté de freiner ou bloquer l’enquête sur une ingérence russe dans le processus électoral américain, selon le Washington Post et le New York Times.

Cette enquête s’étend également à une possible connivence entre des proches de Donald Trump et la Russie pendant la campagne victorieuse du milliardaire.

La semaine dernière, l’ancien chef du FBI James Comey, limogé par Donald Trump début mai, avait fait état de pressions du président américain dans l’enquête sur la Russie.

‘Tournant majeur’

Le fait d’élargir le champ de l’enquête à une éventuelle entrave à la justice par Donald Trump représente « un tournant majeur », souligne le Washington Post, qui affirme par ailleurs que les enquêteurs sont à la recherche de potentiels délits financiers chez des collaborateurs du milliardaire républicain.

Le procureur Mueller aurait sollicité des entretiens avec cinq pontes du renseignement, dont trois ont accepté d’être entendus. Il s’agit de Daniel Coats, directeur du Renseignement, qui chapeaute toutes les agences, Mike Rogers, directeur de l’agence d’interception des communications NSA, ainsi que de son ancien adjoint, Richard Ledgett.

Ces entretiens pourraient se tenir dès cette semaine, selon le Washington Post.

Toujours d’après ce journal, M. Mueller s’intéresse particulièrement à un échange entre Daniel Coats et ses collaborateurs le 22 mars.

Le directeur du Renseignement aurait alors confié que M. Trump lui avait demandé d’intervenir auprès de James Comey, alors chef du FBI, pour qu’il abandonne l’enquête sur l’ex-conseiller à la sécurité nationale de la Maison blanche Michael Flynn, réputé proche de Moscou et au coeur des soupçons de collusion avec les Russes.

‘Fuite scandaleuse’

Quelques jours plus tard, M. Trump avait demandé à MM. Coats et Rogers de déclarer publiquement qu’il n’existait aucune preuve de collusion entre les membres de son équipe de campagne et la Russie, ce que les deux hommes avaient refusé de faire, selon le journal.

« La fuite d’information du FBI concernant le président est scandaleuse, inexcusable et illégale », a réagi mercredi l’avocat de Donald Trump, Marc Kasowitz, sans se prononcer sur le fond.

Selon les médias, l’enquête sur le président pour entrave à la justice a commencé quelques jours après que James Comey a été limogé le 9 mai. Robert Mueller avait été nommé procureur spécial pour garantir l’indépendance de l’enquête la semaine suivante, le 17 mai.

Selon le code des Etats-Unis (US Code), qui rassemble l’ensemble des lois fédérales américaines, « quiconque essaye, de manière corruptrice, (…) d’influencer, d’entraver ou d’empêcher la bonne administration de la justice, doit être puni ». Le délit est passible d’une peine d’emprisonnement n’excédant pas cinq ans.

Les experts jugent peu probable que le ministère de la Justice prenne l’initiative d’inculper un président en exercice, même si l’enquête de M. Mueller conclut à une entrave à la justice de la part de M. Trump.

Mais une telle éventualité mettrait la pression sur le Congrès, à majorité républicaine, pour qu’il déclenche une procédure politique de destitution (« impeachment ») contre le président.

Les procédures d’impeachment lancées contre les présidents Bill Clinton en 1998 et Richard Nixon en 1974 se basaient toutes deux sur des accusations d’entrave à la justice.

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