Trump président : quel impact sur l’Europe ?
L’imprévisibilité de Donald Trump et son goût de la provocation auront-ils des conséquences sur les relations entre les Etats-Unis et l’Europe ? Analyse.
Coopération militaire, Otan, libre-échange… : y aura-t-il du changement dans les relations entre les Etats-Unis et l’Europe quand Donald Trump remplacera Barak Obama dans le bureau ovale ? Le 44e président était un démocrate, celui qui va lui succéder en janvier 2017 est un républicain hors normes, qui a fait de l’imprévisibilité, de la provocation et du populisme des vertus en politique. Les dirigeants européens espéraient que la politique étrangère américaine serait marquée du sceau de la continuité, incarnée par la démocrate Hillary Clinton. Seule la Hongrie, focalisée sur la question des migrations, a soutenu Trump dans sa volonté de devenir le 45e président des Etats-Unis. L’ancienne secrétaire d’Etat avait un profil rassurant, tandis que son adversaire républicain est perçu en Europe comme une menace existentielle pour les relations transatlantiques.
Pendant la campagne, Donald Trump a remis en cause l’efficacité de l’Otan dans la lutte contre le terrorisme. L’Alliance atlantique coûte trop cher, estime-t-il. Le futur président américain veut faire contribuer davantage les pays européens à leur défense et les laisser se débrouiller seuls s’ils refusent d’y consacrer au minimum 2% de leur PIB. Le soutien militaire à l’Europe pourrait donc être revu à la baisse. Le chef de la diplomatie belge Didier Reynders veut croire que c’est l’occasion ou jamais pour la politique européenne de la sécurité et de la défense de s’affirmer, mais tous les pays de l’Union ne sont pas sur la même longueur d’ondes sur le sujet, et il y longtemps que Washington fait pression sur le « vieux continent » pour qu’il accroisse des dépenses militaires, efforts restés vains jusqu’ici.
Côté américain, la victoire républicaine devrait se traduire par une hausse modérée du budget de la défense (moins de 3 %), alors que si les démocrates l’avaient emporté, ce budget aurait augmenté de plus de 8 %, d’après une analyse des comptes de campagne des candidats. La candidature d’Hillary Clinton a, par ailleurs, largement bénéficié des fonds des principaux partenaires commerciaux du Pentagone.
Autre souci pour ce côté-ci de l’Atlantique : Trump se dit prêt à tendre la main à Poutine, entente qui risque de se faire sur le dos des Européens. S’il prétend vouloir mettre l’accent sur la lutte contre l’islamisme, il a exprimé ses réticences à travailler dans un cadre multilatéral. Il entend ainsi annoncer son intention de renégocier les traités de libre-échange et affirme ne pas croire au changement climatique. Il a même menacé de retirer les Etats-Unis de l’accord sur le climat, entré en vigueur il y quelques jours et qui doit désormais être mis en oeuvre. Le personnage, inexpérimenté en politique étrangère et enclin à une politique isolationniste, peut encore réserver bien d’autres surprises.
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