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Trump pas président: est-ce possible?

Maintenant qu’un Grand Électeur du Texas a annoncé qu’il ne voterait pas pour Trump et que d’autres républicains en appellent à faire de même, est-il possible que la présidence échappe à Donald Trump ? Le point sur la question.

Commençons pas tout récapituler. Donald Trump a été élu le 8 novembre non pas comme président, mais comme president-elect. Ce qui signifie qu’il a obtenu un nombre de Grands Électeurs suffisant pour remporter la présidence. Un candidat doit obtenir au moins 270 Grands Électeurs sur les 538. Ces derniers sont proportionnellement répartis sur les différents états. Ce sont ces électeurs qui décident lors d’un collège électoral qui aura lieu le 19 décembre qui sera désigné comme président.

Trump « a » 306 Grands Électeurs, bien plus que les 232 d’Hillary Clinton. Qu’importe si Clinton a convaincu près de 2.5 millions d’électeurs en plus que Trump selon CNN. Le recomptage des voix dans les états du Wisconsin et du Michigan, qui devraient être clôturé pour le 13 décembre, ne devraient pas changer la donne.

En principe, les grands électeurs ne sont pas obligés de voter pour le candidat qui a gagné les élections de leur état. Autrement dit les membres du collège électoral peuvent encore décider de voter autrement. Sauf que dans les faits ce n’est jamais, ou très rarement, le cas. « Si l’on comptabilise les 22.991 votes du collège électoral, il n’y en a eu que 17 de dissident dit Bart Kerremans (KU Leuven), professeur en politique internationale et en politique américaine.

Cette année il y en aura au moins un, a-t-on appris hier. Le républicain Christopher Suprun, l’un des électeurs du Texas a annoncé qu’il ne voterait pas pour Trump. Il trouve qu’il n’est tout simplement pas apte à la fonction. Cet acte est tout de même une première depuis 2004.

Appel

Suprun va même plus loin puisqu’il en appelle aux autres républicains à en faire de même. « L’élection du futur président n’est pas encore inscrite dans les faits » écrit-il. Il propose John Kasic, candidat aux primaires et opposant malheureux à Trump, comme alternative. Ce dernier a tout de même fait savoir qu’il n’était pas intéressé.

Selon des sources du The New York Times il y en aurait d’autre, ceux que l’on surnomme les faithless electors, qui souhaiteraient tourner casaque et virer Trump en toute discrétion.

Le journal Denver Post a annoncé la semaine dernière qu’il se tramait aussi quelque chose dans l’état du Colorado (gagné par Hillary Clinton). Michael Baca, un électeur démocrate, a créé un groupe intitulé ‘Hamilton Electors’ et qui aurait pour but de faire du lobbying pour que les électeurs républicains ne votent pas pour Trump. Il y aurait aussi eu des contacts avec d’autres membres du Grand Old Party qui auraient montré un certain intérêt pour l’idée. Pour le groupe, il n’est pas question de voter pour Hillary Clinton, mais de voter pour un autre candidat républicain.

Tous ces derniers soubresauts rendent-ils possible une éventuelle éviction de Trump ?

Et si ?

Le New York Times indique que la plupart des électeurs n’ont pas le choix et sont légalement obligés de suivre le choix des urnes et le candidat de leur parti. Dans 99% des cas, ces électeurs s’en sont donc tenus au choix initial. Pour redescendre en dessous des 270 électeurs nécessaires, Trump doit en perdre au minimum 37.

Bart Kerremans n’y croit donc pas. Pour l’instant seul un électeur a annoncé qu’il ne voterait pas pour Trump. La chance qu’une dissidence de plus grande envergure éclate et qu’il n’atteigne pas les 270 électeurs est vraiment infime. Le taux de faithless electors risque en effet d’être l’un des plus importants de l’histoire américaine, mais cela ne devrait pas être suffisant pour changer la donne .

Kerremans stipule que les personnes qui se trouvent dans le collège électoral y sont suite à des résultats électoraux. Pour les états qui ont voté Trump, c’est donc des républicains. Et ces derniers savent depuis longtemps que Trump pouvait être le president-elect et aurait pu tirer leurs conclusions bien avant. »

Chambre des députés

Imaginons que Trump perde tout de même la majorité nécessaire, la décision reviendrait à la Chambre des députés qui devra choisir le président entre les trois candidats qui ont obtenu le plus de votes. Il s’agit donc de Trump, de Clinton ou un autre candidat qui serait à même de convaincre le plus grand nombre d’électeurs. Cela ne doit pas être un candidat officiel. Il peut s’agir de n’importe quel américain qui réponde aux critères. Le comptage du vote n’est pas par députés, mais par état pour protéger les petits états.

Une chose est néanmoins acquise. Les républicains ont une majorité confortable dans la Chambre des députés et ce ne sera donc certainement pas Clinton. Reste un potentiel troisième candidat. Si les républicains et les démocrates se mettent d’accord sur républicains modérés comme Mitt Romney alors, suggère le The New York, l’idée pourrait avoir une infime chance de passer. C’est probablement en pensant en cette option que Suprun a lâché le nom de Kasich. Sauf que Trump a évincé les 16 candidats de la primaire, Kasich compris.

De quoi réduire l’infime chance à peau de chagrin.

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