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Trump menace Berkeley après des manifestations contre un éditorialiste d’extrême droite

Le Vif

Donald Trump a menacé jeudi de couper les vivres de l’université de Berkeley, où des manifestants ont violemment protesté contre la venue d’un éditorialiste du site d’extrême droite Breitbart, nouveau signe d’une montée des tensions en Amérique depuis son arrivée à la Maison Blanche.

Dans un tweet matinal dont il est coutumier, le président américain a menacé de supprimer les financements fédéraux de l’université californienne, haut lieu de la contre-culture et bastion des défenseurs de la liberté d’expression dans les années 60 et 70.

« Si l’UC Berkeley ne permet pas la liberté d’expression et pratique la violence sur des personnes innocentes qui ont des points de vue différents – PAS DE FONDS FEDERAUX ? », a écrit M. Trump, qui a nommé comme haut conseiller l’ancien patron du site d’information Breitbart, Steve Bannon.

Breitbart a apporté un soutien actif à Donald Trump pendant la course à la Maison Blanche. Et M. Bannon, qui a dirigé la fin de sa campagne, est devenu très influent à la Maison Blanche, obtenant notamment de participer aux réunions du puissant Conseil de sécurité nationale.

Scandant « faites le taire », des centaines de manifestants, pour la plupart des étudiants, ont brisé mercredi soir des vitres sur le campus de Berkeley, mis le feu à des palettes en bois et jeté des pierres sur la police qui a répondu par des tirs de gaz lacrymogène, pour protester contre la venue du représentant de Breitbart Milo Yiannopoulos.

La police a bouclé le périmètre et l’université a finalement annulé la conférence de M. Yiannopoulos, qui devait se tenir à guichets fermés.

Provocateur

Plus de 100 étudiants de Berkeley avaient écrit à la direction pour exiger l’annulation de cet événement. « Énergiquement opposés à ses opinions », ils condamnaient le « comportement dangereux », selon eux, de Milo Yiannopoulos.

Ce Britannique d’origine grecque de 32 ans, fervent partisan de Donald Trump, qu’il avait appelé « Daddy » (« Papa ») pendant la campagne, est l’une des figures de l’extrême droite américaine, nationaliste et pro-Blancs. Il rencontre beaucoup de succès lors de ses déplacements sur des campus.

Spécialisé dans les nouvelles technologies et connu sur les réseaux sociaux pour son ton provocateur, il avait été banni de Twitter en juillet pour avoir alimenté des attaques contre l’actrice noire américaine Leslie Jones.

Alors que Mme Jones se plaignait d’avoir reçu un déluge de messages haineux parfois racistes depuis la sortie du film « S.O.S. Fantômes », Milo Yiannopoulos l’avait accusée de se poser en victime et l’avait traitée d’illettrée.

Des manifestations similaires le mois dernier à l’université californienne de Davis avaient également empêché l’organisation d’une conférence de M. Yiannopoulos.

Dans les deux cas, il avait été invité par des groupes d’étudiants conservateurs. « Le mouvement de la liberté d’expression est mort », ont estimé jeudi les étudiants républicains de Berkeley sur Facebook.

Tensions grandissantes

Ces violences sont une nouvelle marque des tensions grandissantes dans le pays depuis l’arrivée à la Maison Blanche de Donald Trump le 20 janvier.

Le lendemain de son investiture, des millions de personnes avaient participé aux « Marches des femmes » pour défendre les droits civiques et contester ses propositions sur l’immigration, les musulmans ou ses déclarations sur les femmes.

Un décret limitant l’immigration signé par Donald Trump vendredi a remis le feu aux poudres.

Ce texte, qui ferme temporairement les frontières des Etats-Unis aux réfugiés et aux ressortissants de sept pays musulmans, a provoqué un tollé à travers le monde et des manifestations dans plusieurs villes et aéroports américains.

Le maire de Berkeley Jesse Arreguin a dénoncé jeudi des actes de « destruction et de violence » et exprimé son soutien à « ceux qui pacifiquement se rassemblent en faveur d’un pays juste et inclusif ».

Pour lui, les violences de mercredi « apportent à l’extrême droite nationaliste exactement les images qu’elle veut pour discréditer la grande majorité des manifestants pacifiques, à Berkeley et à travers l’Amérique, qui sont très inquiets de ce que va devenir notre pays ».

Les responsables des universités concernées ont souligné qu’ils n’étaient pas à l’origine de ces invitations ni ne partageaient les idées de M. Yiannopoulos mais qu’ils ne pouvaient s’opposer à sa venue, devant garantir la liberté d’expression.

Les propos de M. Yiannopoulos « sont profondément contraires à ceux du campus mais l’université de Berkeley est attachée à la Constitution (…) y compris à la liberté d’expression de l’éventail des opinions », avait fait valoir le président de l’université Nicholas Dirks.

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