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Trump : « les attentats sont passés sous silence »

Le Vif

Trump continue sa guerre contre les médias. Hier, il les a accusé de minimiser les attentats. « La très, très, malhonnête presse ne veut pas en parler ». La riposte ne s’est pas fait attendre. Elle est mondiale.

Donald Trump n’a pas vraiment besoin de preuve pour balancer toute sorte d’accusations. Sa dernière sortie le prouve une fois de plus. Il a éructé à la face du monde que les médias ne communiquaient pas assez autour des actes perpétrés par les sympathisants de l’EI.

Le président américain Donald Trump a accusé lundi les médias « très, très malhonnêtes » de ne « pas vouloir couvrir » certains attentats. « Ils ont leurs raisons et vous le savez bien », avait-il ajouté sans étayer cette étonnante déclaration lors de la visite, en Floride, du commandement américain chargé du Moyen-Orient et de la lutte contre le groupe État islamique (EI).

Plus tard, pour argumenter un tant soit peu ses dires, la Maison-Blanche a publié une liste de 78 attentats « liés à l’EI » qui n’auraient pas suscité assez l’attention des médias. Sans préciser davantage ce qu’il fallait entendre par « pas assez d’attention ».

La liste, pour le moins établie à la va-vite, est un véritable micmac riche en faute de frappe et pas le moins du monde hiérarchisé. Des attentats qui ont eu un retentissement international se retrouvent parmi ce qu’on peut véritablement qualifier d’incident.

La Maison-Blanche mentionne le lieu, le mois de l’attentat, le nombre de victimes mortes ou blessées et le nom des assaillants. Mais elle ne donne jamais leur nationalité, sauf quand il s’agit de « personnes américaines » qui, à l’inverse, ne sont pas identifiées.

Parmi ces attaques figurent le crash, dans le Sinaï égyptien le 31 octobre 2015, d’un Airbus A321 russe qui a fait 224 morts, essentiellement des touristes russes. Une bombe avait explosé à bord de l’avion après son décollage et l’attaque avait été revendiquée par le groupe EI. Pour la France, la Maison-Blanche évoque les attentats de Paris le 13 novembre 2015, qui ont fait 130 morts, ou l’attaque au camion de Nice le 14 juillet dernier (84 morts). Mais elle ne mentionne pas l’attaque contre le journal satirique Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 (12 morts) par les frères Kouachi qui s’étaient revendiqués d’Al-Qaïda. En revanche, elle évoque les attaques des jours suivants contre une policière, décédée, et dans une supérette casher (4 morts), perpétrées par Amedy Coulibaly au nom de l’EI.

Pour les États-Unis, la liste mentionne l’attaque, revendiquée par l’EI, contre une boîte de nuit gay à Orlando (Floride) qui a fait 49 morts. L’auteur du pire attentat commis sur le sol américain depuis le 11-Septembre est qualifié de « personne américaine » par la Maison-Blanche, qui ne donne pas son nom, pourtant connu: Omar Mateen, un Américain d’origine afghane.

L’exécutif américain liste beaucoup d’autres attentats qui ont fait la Une des médias pendant plusieurs jours: Istanbul (45 morts) en juin 2016, Sousse en Tunisie (38 morts) en juin 2015, Bruxelles (31 morts) en mars 2016, Dacca au Bangladesh (22 morts) en juillet, ou encore Berlin (12 morts) en 2016.

Qu’importe si pour certains événements cités dans la liste il n’y a pas la moindre preuve qu’ils sont effectivement liés à l’EI. Qu’importe aussi si pour le traitement d’un de ces évènements repris dans la liste certains ont gagné un Pulitzer comme Matt Pearce du Los Angeles Times (pour San Bernardino).

Plusieurs médias, dont la BBC, le Guardian ou encore le Washington Post (à lire ici) ont par ailleurs répondu en publiant des liens vers leur large couverture de ces attaques. Le Monde a même repris les vingt premiers de la liste pour décortiquer le traitement médiatique qui leur a été dédié ( à lire ici).

Qu’importe sûrement aussi que cette affirmation de Donald Trump intervienne seulement quelques jours après que de sa proche conseillère Kellyanne Conway ai évoqué l’imaginaire « massacre de Bowling Green » en 2011 pour justifier le « muslim ban ».

Devant la fronde, le porte-parole de Trump s’est contenté de dire qu’il n’avait pas dit que « la presse n’avait pas parlé de ces évènements, juste pas assez . »

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