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Trump et Clinton peuvent-il encore rire ensemble ?

Le Vif

Tous les quatre ans, juste avant le scrutin, les candidats à la Maison Blanche se retrouvent à New York pour un dîner de gala qui leur donne l’occasion de rire un peu, des autres et d’eux-mêmes.

A couteaux tirés à l’issue d’une campagne d’une incroyable agressivité, la démocrate Hillary Clinton et le républicain Donald Trump pourraient avoir du mal jeudi soir à être à la hauteur de ce rendez-vous immuable du calendrier politique américain.

Le dîner Alfred E. Smith, organisé dans les salons du prestigieux Waldorf Astoria, au coeur de Manhattan, sera probablement la dernière apparition commune de l’ancienne secrétaire d’Etat et de l’homme d’affaires populiste avant l’élection du 8 novembre.

Leurs moindres faits et gestes seront scrutés au moment du repas, durant lequel le cardinal Timothy Dolan est traditionnellement assis entre les deux candidats.

Le diocèse de New York, qui organise l’événement au bénéfice d’oeuvres de l’église catholique, a appelé les deux prétendants à la Maison Blanche à prononcer leurs discours « dans l’esprit de collégialité et de bonne humeur qui est la marque de fabrique » de cette soirée.

Mais la séquence prendra un relief particulier au lendemain d’un débat d’une grande violence verbale au cours duquel les deux candidats ne se sont pas serré la main.

M. Trump, qui affuble depuis des mois son opposante du surnom de « Hillary la crapule », a affirmé, devant des dizaines de millions d’Américains, qu’elle « ne devrait pas avoir le droit d’être candidate », la qualifiant de « méchante femme ».

Interrogé par l’AFP sur la soirée à venir, Joseph Zwilling, porte-parole du diocèse, s’est déclaré « convaincu » que la tradition du dîner l’emporterait et que les « querelles politiques » seraient mises de côté le temps d’un soir.

Les catholiques s’éloignent de Trump

Quelque 1.500 invités, ayant payé chacun au moins 3.000 dollars (nombre d’entre eux ont donné beaucoup plus), sont attendus.

Le dîner Alfred E. Smith est une tradition remontant à l’immédiat après-guerre, honorant la mémoire d’un ancien gouverneur de New York, qui fut en 1928 le premier catholique à représenter un grand parti à la présidentielle américaine.

Il était surnommé « Le combattant heureux » (« The Happy Warrior ») pour sa capacité à voir le bon côté des choses même dans les moments les plus difficiles.

Les catholiques blancs américains votent traditionnellement plutôt républicains, en raison en particulier de leur opposition à l’avortement et au mariage homosexuel.

Mais plusieurs éléments indiquent que la personnalité de Donald Trump pourrait avoir un effet repoussoir sur une partie de cet électorat, désormais convoité par le camp démocrate.

Selon un sondage du Public Religion Research Institute, il n’est soutenu que par 42% des catholiques blancs, contre 46% pour sa rivale (il conserve en revanche une très large avance – 65% – parmi les chrétiens évangéliques blancs).

Dans la dernière ligne droite, la bataille est, sans surprise, rude.

Le camp Clinton s’appuie sur le colistier de la candidate, Tim Kaine, fervent catholique. Et rappelle aussi à l’occasion la vive polémique qui avait opposé le magnat de l’immobilier au pape François en début d’année.

Le camp Trump insiste ces derniers jours sur des emails rendus publics par Wikileaks qui mettent en lumière des propos méprisants de plusieurs membres de l’équipe Clinton à l’encontre des conservateurs catholiques.

Ces échanges ont été dénoncés avec force par le cardinal Dolan lui-même, qui a appelé la candidate à prendre clairement ses distances avec ces jugements de valeur.

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