Trina, fidèle du chavisme

Le Vif

Nostalgique, Trina regarde les immenses yeux de Hugo Chavez peints sur l’immeuble. Son appartement était sous un sourcil, sourit la vieille dame, une inconditionnelle du défunt leader du Venezuela, qui votera dimanche pour la Constituante du président Nicolas Maduro.

Depuis le petit logement du « 23 de Enero », pittoresque quartier de Caracas, où elle habite aujourd’hui avec plusieurs de ses six enfants et ses petits-enfants, Trina Paez, 76 ans, admire chaque jour la fresque aux couleurs du drapeau vénézuélien: « On sent qu’il est avec nous », dit-elle à l’AFP.

A quelques mètres de cet immeuble de logements sociaux, bâti au flanc d’une colline, se trouve le « Cuartel de la Montaña » (Caserne de la Montagne), où repose la dépouille du président Chavez (1999-2013) qui, avant de décéder d’un cancer, avait désigné Nicolas Maduro comme successeur.

« Je suis chaviste depuis que Chavez a gagné les élections. J’ai toujours voté pour le Commandant. Nous vivions sous la répression et avec lui, tout a changé », raconte cette femme joviale, dont une fille, Legna Serrano, est l’une des 6.000 candidats qui aspirent à être parmi les 545 membres de l’Assemblée constituante.

Grâce aux programmes sociaux du régime socialiste, Trina a pu accéder à l’éducation, au sport, aux services médicaux. « A mon âge, j’ai seulement besoin de lunettes, pour faire mes mots croisés », rit-elle.

Parmi les photos de famille qui remplissent les étagères du salon, un portrait de Chavez élégamment vêtu de blanc, écharpe présidentielle barrant la poitrine. « Je l’ai là parce que pour moi, c’est comme un fils », dit-elle.

‘Gens sans coeur’

En dépit de sa fidélité à toute épreuve, elle estime qu’une opposition est nécessaire car cela « aide à tracer droit le chemin ». Mais elle se plaint de ceux qui attaquent « les gens parce qu’ils sont chavistes ou qui barrent les rues ».

Depuis quatre mois, le Venezuela traverse une vague de manifestations de l’opposition réclamant le départ de Nicolas Maduro, et qui ont déjà fait 113 morts. Le projet de Constituante a jeté de l’huile sur le feu.

Le chef de l’Etat affirme que cette Assemblée est nécessaire pour apporter paix et stabilité économique au pays. Mais pour l’opposition, qui va boycotter les élections, elle ne servira qu’à instaurer le communisme et à finir de couler le Venezuela, déjà confronté à une grave pénurie d’aliments et de médicaments, ainsi qu’à une énorme inflation.

Nicolas Maduro, estime Trina, « est victime d’une +guerre économique+ » menée par les chefs d’entreprise qui provoquent la pénurie en spéculant et en s’accaparant les produits.

« Je crois que la Constituante fait partie de la solution parce que nous recherchons la paix. Si les problèmes avec l’opposition se résolvent, quand tout va changer, ça va aller mieux pour la nourriture. Avec la paix et l’amour, tout se résout », affirme-t-elle.

Sur une autre étagère, une photo de Chavez embrassant un crucifix. Elle a été prise quand il est revenu au pouvoir à l’issue d’un bref coup d’Etat, lors de cet « horrible » avril 2002, rappelle la vieille dame.

« Il leur a pardonné et ils continuent à provoquer des catastrophes. Les opposants sont des gens sans coeur. Maintenant ils sont en guerre contre Maduro », déplore-t-elle.

Toute fière, elle montre sa Carte de la Patrie, donnée aux bénéficiaires des programmes sociaux tel le panier d’aliments vendus à prix subventionnés par le gouvernement. Elle l’emportera pour voter ce dimanche, comme l’a requis le président.

‘Défendre la patrie’

Trina est de ces chavistes qui ne manquaient jamais l’émission dominicale de Chavez, « Alo presidente ». « On passait des heures et des heures à le regarder sans se lasser. C’était didactique et enjoué. Maduro c’est pas pareil, mais je l’écoute de la même façon », dit-elle.

« Maduro s’est très bien comporté. Chavez lui a laissé cet héritage et il a su le maintenir, il a supporté et survit à toutes les attaques. Mais ils sont très différents », admet-elle.

Cette danseuse de salsa apprécie en connaisseuse les pas de regueton ou de merengue esquissés par le président pour promouvoir la Constituante: « Maduro danse très bien! »

Dans l’appartement, une vraie fourmilière du fait de la campagne électorale de sa fille, tous s’apprêtent et se rendent au Cuartel de la Montaña, célébrer l’anniversaire de Chavez.

En marchant dans les rues ornées de fresques du visage du « Comandante », Trina affirme que voter pour la Constituante c’est défendre son héritage.

« Chavez est parti trop tôt. Il aurait dû vivre plus longtemps, mais ça, seul Dieu en décide. Je ressens beaucoup de tristesse, beaucoup de peine parce qu’il n’est plus avec nous. Pour lui, nous devons défendre la patrie » dimanche, lance-t-elle devant la dépouille de son héros.

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