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Toulouse :  » le Raid a trop communiqué « 

Le suspect tué après 32 heures de siège, deux policiers blessés au cours de la fusillade : à Toulouse, l’assaut contre l’appartement dans lequel était retranché Mohammed Merah a tourné au fiasco. Le Raid aurait-il pu agir autrement ?

A la police fédérale belge, on refuse de commenter l’opération des collègues français. Nous avons toutefois pu recueillir l’avis anonyme d’un ancien négociateur de l’ESI, l’Escadron spécial d’intervention, devenu depuis les Unités spéciales.

Diriez-vous qu’il s’agit d’un échec sur toute la ligne ?

Ah, la mort lors d’une arrestation n’est jamais une finalité, ou alors on appelle cela une exécution. Le rôle de la police est d’essayer de déminer la situation un maximum, de ramener à la raison, d’entretenir un dialogue. Mais pour cela, il faut être deux. Si l’auteur est convaincu qu’il ne rendra pas ou qu’il commettra un massacre, même la meilleure unité d’élite ou la mieux équipée peut être forcée de le neutraliser. Aux Etats-Unis, on appelle cela le suicide by cop, le suicide par police interposée. Cela dépend très fortement de l’auteur. Il est très difficile de comparer deux situations.

On ne peut donc rien reprocher aux policiers du Raid ?

D’après ce que j’entends, énormément de publicité a entouré cette action. Beaucoup trop pour la gestion sereine d’une crise majeure. Je pense que s’ils avaient réussi à mener une opération plus discrète, sans tout ce décorum, la gestion aurait été plus facile. L’auteur aurait peut-être agi autrement. Donner d’emblée autant d’information sur lui, sur la nature de ce qui lui est reproché… Je ne vois vraiment pas où était la plus-value, si ce n’est faire monter la pression sur le dispositif policier et sur l’auteur.

Que pensez-vous de la méthode d’assaut, à savoir défoncer la porte d’entrée au bélier ?

Tout dépend des informations dont disposait le Raid avant de mener l’opération.

Plutôt qu’un siège de son appartement, n’aurait-il pas été plus judicieux d’attendre la sortie de Merah et de l’arrêter par surprise ? Il est toujours préférable d’arrêter quelqu’un sur la voie publique quand il ne s’y attend pas, c’est une évidence. Maintenant, je ne connais pas les informations de base. Peut-être ont-ils estimé plus important d’intervenir avant l’aurore, ou avaient-ils peur qu’il détienne une ceinture d’explosifs et se fasse sauter dans la foule. Là encore, je n’en sais rien. Il faut voir aussi la disposition de lieux : sait-on le prendre dehors, sait-on se cacher suffisamment longtemps, sait-on le surprendre ? Ce n’est pas si évident. J’espère en tout cas pour eux qu’ils avaient les bons éléments et que, sur la base de ceux-ci, on puisse dire que chaque police aurait agi de la même manière.

Propos recueillis par E.R.

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