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Toulouse : la piste des ex-militaires néonazis

Depuis lundi matin et le quadruple homicide dans une école juive de Toulouse, les forces de l’ordre envisagent plusieurs pistes. Parmi les suspects, trois anciens militaires exclus pour avoir fait le salut nazi en 2008.

Plus de 200 enquêteurs sont sur la piste du tueur qui a assassiné lundi à Toulouse trois enfants et un adulte à l’école Ozar-Hatorah. L’arme utilisée et le scooter utilisés par ce meurtrier avaient déjà servi lors des assassinats de trois militaires à Toulouse et Montauban.

Des doutes autour de cette piste

Plusieurs pistes sont examinées par les enquêteurs, parmi lesquelles celle des trois militaires exclus de l’armée en 2008 pour avoir posé sur une photo en exécutant le salut nazi.

Mardi après-midi, l’agence Reuters, citant une source policière a affirmé que ces trois hommes avaient été mis hors de cause après avoir été entendus dans la nuit de lundi à mardi. Une information qu’est venu démentir Le Monde, citant une personne haut placée dans la hiérarchie policière. Si l’un des trois ex-militaires exclus a bien été brièvement en garde à vue samedi dernier, les deux autres n’auraient pas été entendus. Il serait donc possible qu’on ne les ait même pas localisés.

Rappel des faits

En avril 2008, c’est un ancien collègue des militaires, Jamel Benserhir, qui décide de dénoncer aux autorités leurs agissements douteux. Il porte plainte pour deux motifs : « racisme » et « discrimination à l’emploi ».

Selon lui, il avait déjà signalé l’affaire à sa hiérarchie ainsi qu’au ministre de la Défense de l’époque, Hervé Morin, dans une lettre datée de novembre 2007. « On a refusé de m’écouter et de me recevoir alors que je détenais des preuves » affirme alors le sergent Benserhir.

Lorsque la plainte est déposée le 8 avril 2008, deux des militaires en question officient toujours au sein du régiment de génie parachutiste de Montauban et font l’objet d’une enquête interne. Le troisième, déjà parti du régiment, est visé par une enquête civile.
Quelques jours plus tôt, le même ex-sergent avait raconté son histoire au Canard Enchaîné, qui publiait le 2 avril une photographie où les trois hommes font le salut nazi, enroulés dans un drapeau orné d’une croix gammée. L’enquête montrera que la photo date de fin 2004, une date antérieure au départ de l’armée du troisième homme.

Au final, les deux militaires restants au sein du 17e RGP sont contraints de quitter l’armée à la suite d’une plainte déposée par le colonel Michel Esparsa, chef de corps de ce régiment.

L’école visée lundi est un établissement confessionnel juif, et les militaires abattus à Toulouse et Montauban étaient des Français d’origine maghrébine (un autre, blessé lors de l’une des attaques, est quant à lui d’origine antillaise). La piste d’un tueur raciste et antisémite, si elle n’est pas la seule hypothèse envisagée, ne doit donc pas être négligée.

Samedi dernier, un jeune militaire de Castres avait été placé en garde à vue dans le cadre de l’enquête sur les meurtres des paras mais il a été relâché après quelques heures. Selon Michel Valet, le procureur de Toulouse, cette garde à vue est « à considérer comme un acte d’enquête, sans autre portée ou conséquence ».

Diane Saint-Réquier, L’Express.fr

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