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Toujours autant d’Egyptiens dans les bureaux de vote

Les Egyptiens se sont déplacés massivement lundi, pour les premières élections depuis la chute d’Hosni Moubarak. Les manifestations se poursuivent contre le pouvoir militaire en place.

Les opérations de vote se poursuivent mardi en Egypte. Lundi, dans un contexte de crise politique, les habitants ont participé en grand nombre aux premières élections depuis la chute d’Hosni Moubarak.

La Haute commission électorale a affirmé que les législatives avaient connu une participation plus importante que prévu et décidé de prolonger de deux heures les opérations de vote.
« Nous avons été surpris par le nombre d’électeurs qui ont participé, qui est plus important que prévu », a déclaré le chef de la Haute commission électorale, le juge Abdel Moez Ibrahim lors d’une conférence de presse au Caire. « Il n’y a pas eu de problème de sécurité jusqu’à présent Dieu merci. C’était pourtant notre principale préoccupation », a-t-il ajouté, alors que les bureaux de vote seront encore ouverts mardi.

De longues files se sont formées dès les premières heures du matin pour voter, en particulier au Caire et à Alexandrie, deuxième ville du pays, pour le premier tour de ce scrutin législatif étalé sur près de quatre mois. De nombreux électeurs se félicitaient de pouvoir déposer un bulletin qui compte, après des décennies d’élections acquises d’avance au parti de Hosni Moubarak, régulièrement accusé de fraudes massives.

« Les premières élections libres »

Le vote de lundi concerne un tiers des gouvernorats – 17,5 millions d’électeurs sur environ 40 millions -, en particulier Le Caire, Alexandrie et Louxor, pour élire 168 des 498 députés de la nation. Le système électoral complexe prévoit un découpage en trois régions du pays, le plus peuplé du monde arabe avec plus de 80 millions d’habitants.

Le vote pour l’Assemblée du peuple se déroulera jusqu’au 11 janvier et les résultats complets seront connus deux jours plus tard. Viendra ensuite l’élection de la Choura, la chambre haute consultative, du 29 janvier au 11 mars.

La campagne électorale a été éclipsée par une poussée de contestation du pouvoir militaire qui gouverne le pays depuis la chute de Moubarak, émaillée ces derniers jours de violences qui ont fait 42 morts et plus de 3000 blessés.

Sur la place Tahrir au Caire, épicentre de la mobilisation, une partie des manifestants affirmaient lundi ne pas croire au pouvoir des urnes pour obtenir le départ des militaires au pouvoir.
« Ce qu’on demande ici à Tahrir, c’est la chute du maréchal Tantaoui – le chef du pouvoir militaire -, donc évidemment je ne participerai pas aux élections qu’il organise », a affirmé Omar Hatem, étudiant de 22 ans.

« Je vote pour l’avenir de l’Egypte. Ce sont les premières élections libres de mon pays », soulignait en revanche Youssouf, un informaticien de 25 ans devant un bureau de vote à Alexandrie.
« Pendant trente ans nous sommes restés silencieux, maintenant c’est fini », renchérit de son côté Samira, 65 ans, à Zamalek, le quartier huppé du Caire.

Sept ONG surveillent ces législatives

Après les élections en Tunisie et au Maroc, l’Egypte est le troisième pays à connaître un scrutin majeur dans une région bouleversée par le « Printemps arabe ».

Le mouvement des Frères musulmans, la force politique la mieux structurée du pays et son parti, « Liberté et Justice », s’estiment en position de force face à des dizaines de partis salafistes – fondamentalistes musulmans -, libéraux ou de gauche, le plus souvent récents et encore mal implantés.

De nombreux élus de l’ancien parti de Hosni Moubarak, aujourd’hui interdit, tentent également leur chance comme indépendants ou sous des bannières politiques nouvelles.

Selon l’agence officielle Mena, 161 plaintes ont été déposées en raison du retard dans l’ouverture des bureaux ou l’arrivée des bulletins de vote. Des électeurs se sont plaints de bulletins ne portant pas de tampon valable, et des observateurs n’ont pas été autorisés dans certains bureaux.

Sept ONG étrangères, dont le Centre Carter de l’ex-président américain Jimmy Carter, surveillent ces législatives.

Le futur Parlement devra nommer une commission chargée de rédiger une nouvelle Constitution, une étape décisive dans la transition du pays vers la démocratie promise. Ces élections doivent être suivies avant la fin juin 2012 par une présidentielle, après laquelle le pouvoir militaire a promis de rendre le pouvoir aux civils.

Le Vif.be, avec L’Express.fr

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