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Tortures en prison : le président géorgien parvient à circonscrire le scandale

Eclaboussé par le scandale des tortures, le président Mikhaïl Saakachvili prend des mesures d’urgence afin de moderniser les prisons et calmer l’opinion.

Mis en difficulté, Mikhaïl Saakachvili vient de montrer, par la rapidité et l’ampleur de sa réaction, l’étendue de son savoir-faire politique. En moins de 48 heures, le président géorgien est parvenu à circonscrire le feu politique qui menaçait de se propager, à quelques jours des élections législatives du 1er octobre.

Après la diffusion, mardi 18 octobre, de vidéos clandestines révélant la pratique systématique de la torture dans les prisons géorgiennes, plusieurs milliers de manifestants, choqués par les images, étaient descendus dans les rues pour crier leur indignation à travers tout le pays, deux jours d’affilée.

Saakachvili semble avoir trouvé une réponse à la hauteur du traumatisme national causé par le visionnage des insoutenables vidéos. Pour commencer, deux ministres ont été poussés à la démission. Mercredi, Khatuna Kalmakhelidze a quitté son poste de ministre de l’Administration pénitentiaire. Pour le remplacer, le président Saakashvili a fait un choix audacieux: il a nommé Giorgi Tugushi, qui occupait jusqu’alors le poste de Défenseur des droits (Ombudsman). A ce titre, il était l’un des principaux pourfendeurs de la condition pénitentiaire en Géorgie.

Jeudi, c’est le ministre de l’Intérieur, Bacho Akhalaia, qui a été écarté de son poste. Et cela non pas en raison de sa position actuelle mais du fait des fonctions qu’il occupait précédemment : l’intéressé avait été à la tête de l’administration pénitentiaire de 2005 à 2008. Pour de nombreux manifestants, cet ami du président était le principal responsable de la situation dans les prisons géorgiennes.

Réforme radicale de l’administration pénitentiaire

D’autres mesures spectaculaires ont été prises à la suite d’une réunion de crise au palais présidentiel, jeudi. A l’avenir, des défenseurs des droits de l’hommes seront présents dans chaque prison du pays, où il posséderont chacun un bureau. Lors de la même réunion, une limitation drastique des détentions provisoires a été décidée afin de désengorger les pénitenciers géorgiens.

Enfin, une réforme radicale de l’administration pénitentiaire doit voir le jours dans de brefs délais: elle commencera par le licenciement de plusieurs centaines de gardiens de prisons qui seront remplacés par des matons mieux formés et mieux payés.

De leur côté, les dirigeants de la coalition d’opposition Le rêve géorgien se sont abstenus de souffler sur les braises et d’exploiter ostensiblement le scandale à l’approche du scrutin. Au contraire, ils ont appelé les manifestants à la retenue. Il est vrai que la divulgation des vidéos a quelques jours d’élections cruciales apparait clairement comme une manoeuvre organisée par l’opposition afin d’affaiblir le gouvernement. L’objectif est en partie atteint. Mais en partie seulement.

De notre envoyé spécial Axel Gyldén, L’Express.fr

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