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Tirs et prise d’otage à Paris: le film des événements

Le Vif

Agression à BFMTV vendredi, fusillade au siège de Libération lundi matin, tirs à La Défense et chasse à l’homme dans les rues de Paris. L’Express trace le film des événements et révèle comment la prise d’otage aux Champs-Elysées a fait perdre une heure aux enquêteurs.

Vendredi 15 novembre Avant 7h, moment où les vigiles de BFMTV prennent leur service, un homme seul, armé d’un fusil à pompe, se présente à l’accueil de la chaîne d’information en continu, au sud-ouest de Paris.

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Au rédacteur en chef qui se trouve seul dans le hall, il lance, après avoir éjecté deux cartouches: « La prochaine fois, je ne vous raterai pas ». Et prend la fuite. L’enquête de police commence.

Lundi 18 novembre

Vers 10h15, un homme d’une quarantaine d’années, armé d’un fusil à pompe, fait irruption dans le hall d’entrée de Libération, à Paris. Il tire deux fois et blesse grièvement au thorax et à l’abdomen l’assistant d’un photographe de 27 ans, qui mettait les pieds au siège du quotidien pour la première fois.

Le tireur prend la fuite. Les images de vidéo-surveillance montrent un homme de type européen d’une quarantaine d’années, vêtu d’une parka kaki et d’un jean délavé. Après avoir visionné ces bandes, les enquêteurs sont persuadés qu’il s’agit de l’homme qui a agressé le rédacteur en chef de BFMTV.

Entre 11h30 et 11h45, des coups de feu sont ensuite tirés par un homme devant le siège de la Société générale dans le quartier d’affaires de La Défense, sans faire de blessé. Il tire en tout trois cartouches, selon un responsable de la sécurité de la banque.
« Il avait un grand manteau avec un fusil. Il l’a dirigé vers la tour et a tapé à deux mètres de haut. Une cartouche est venue se ficher dans la vitre qui s’est alors brisée », raconte-t-il.

Un employé de la Société générale, témoin de la scène, décrit « un homme de 45 ans, de taille moyenne, très brun ». « J’ai vu l’homme à une dizaine de mètres de moi, en train de recharger son arme », dit-il.

Peu de temps après, un automobiliste dit avoir été pris en otage non loin de La Défense. L’homme armé l’a « menacé et forcé à le prendre dans sa voiture ». Le suspect demande alors à être déposé sur l’avenue Georges-V, tout près des Champs-Elysées.
L’homme pris en otage, âgé de 65 ans, décide alors de rentrer chez lui. Ce n’est qu’une fois à son domicile qu’il apprend par la télé que le preneur d’otage pourrait être le tireur de Libération et La Défense. Après avoir perdu brièvement connaissance, il prévient les secours. Ce n’est qu’à ce moment-là que les enquêteurs peuvent enfin l’entendre. « Nous avons perdu une heure », regrette Christophe Crépin, syndicaliste Unsa-Police.

Sitôt le témoignage de l’automobiliste recueilli par les enquêteurs, un hélicoptère de la sécurité civile survole le quartier des Champs-Elysées paré de mille décorations pour les fêtes de Noël, où d’importantes forces de police sont déployées.

Les policiers de la brigade criminelle et la police scientifique investissent en masse le siège de Libération. Les journalistes affluent de toutes les rédactions. Vers midi, des policiers sont déployés devant les sièges des grands médias parisiens.
A 12h30, François Hollande demande au ministre de l’Intérieur Manuel Valls de « mobiliser tous les moyens » pour arrêter le ou les suspects.

« Il n’est pas normal qu’on soit obligés de protéger par des forces de police un organe de presse », déplore au même moment la ministre de la Culture Aurélie Filippetti, devant le siège de Libération. « La presse doit pouvoir exercer son métier, ses fonctions essentielles sans se bunkériser. »

Dans la foulée, Manuel Valls assure que la police va « tout faire » pour interpeller rapidement l’individu qui ouvert le feu dans le hall de Libération, le qualifiant de « véritable danger ». Il évoque une « scène de guerre ».

Chasse à l’homme pour retrouver le tireur de Libération et de La Défense

Une chasse à l’homme a été engagée lundi à Paris pour interpeller l’homme qui a grièvement blessé par balles un assistant photographe dans le hall de Libération, avant de tirer des coups de feu devant une banque à La Défense. Le suspect, « toujours en fuite » et « qui n’a pas été identifié », est également soupçonné d’être l’auteur d’une agression vendredi au siège de BFMTV et d’avoir obligé un automobiliste à le déposer non loin des Champs-Elysées lundi, après les tirs à La Défense, a indiqué le patron de la police judiciaire, Christian Flaesch.

« Compte tenu des similitudes entre ces quatre affaires dans le modus operandi, dans le signalement et la tenue vestimentaire de l’auteur des faits, dans les munitions recueillies aussi, la piste d’un auteur unique est privilégiée », a déclaré le procureur de Paris François Molins, en conférence de presse. La brigade criminelle recherche « un homme de type européen âgé de 35 à 45 ans, d’une taille d’1m70 à 1m80 aux cheveux poivre et sel avec, s’il en est toujours porteur, une barbe de deux ou trois jours », susceptible d’avoir porté une « veste trois-quarts kaki », « un pull vert et une doudoune portée sans manches », ainsi que des baskets vertes à semelles blanches. Il porte des lunettes.

Par Matthieu Deprieck

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