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Tiananmen: les Chinois « veulent laisser 1989 » derrière eux

Le 4 juin est « un jour ordinaire » et les Chinois « veulent laisser 1989 » derrière eux, a écrit samedi un journal chinois dépendant du Parti communiste, dénonçant « le brouhaha » des commémorations à l’étranger des manifestations pro-démocratie de la place Tiananmen.

« Pour les Chinois, le 4 juin est un jour ordinaire. L’incident (de 1989) appartient à l’Histoire », affirme un commentateur anonyme publié dans la version anglaise du quotidien officiel chinois Global Times.

« La plupart des Chinois sont simplement d’accord avec l’idée qu’aucun débat supplémentaire n’est nécessaire (…) Beaucoup de ceux qui ont vécu ou connaissent l’événement (…) veulent le laisser derrière eux », poursuit-il.

En réalité, la répression sanglante des manifestations de 1989, dont le 27e anniversaire a lieu samedi, est un sujet tabou en Chine populaire, soigneusement banni des manuels scolaires et livres d’histoire, et l’objet d’une féroce censure dans la presse et sur les réseaux sociaux.

Les médias en langue chinoise n’en disaient mot samedi. Le moteur de recherche Baidu, dominant en Chine, ne proposait aucune réponse pour l’expression « 4 juin », et les posts comprenant « Tiananmen » sur le réseau de microblogs Weibo étaient inaccessibles.

« Quelques personnes ont essayé de provoquer du tumulte pour attirer l’attention internationale et déranger la vie paisible des Chinois », a affirmé le Global Times, dénonçant des « forces extérieures » qui « n’auront aucun impact concret ». « Le brouhaha annuel autour de l’incident du 4 juin n’est rien d’autre que des bulles condamnées à éclater », a-t-il conclu.

Un grand rassemblement a été organisé vendredi, comme chaque année, à Hong Kong pour rendre hommage aux victimes de la répression de 1989, et l’évènement a été commémoré pour la première fois au parlement taïwanais. De leur côté, les Etats-Unis ont demandé vendredi à la Chine d’autoriser les éventuelles commémorations pacifiques des manifestations de 1989, tout en réclamant la publication par le régime communiste du « décompte complet » des victimes.

Or, plusieurs militants ont été placés en détention à Pékin depuis jeudi, selon une ONG, et des mères d’étudiants tués en 1989 faisaient l’objet samedi d’une étroite surveillance policière, a appris l’AFP.

Dans la nuit du 3 au 4 juin 1989, après une longue mobilisation de manifestants réclamant des réformes démocratiques, soldats et blindés du régime communiste avaient donné l’assaut en ouvrant le feu sur la foule jusqu’à la place Tiananmen, au centre de Pékin. Des sources indépendantes font état de plus de mille morts.

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