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Thomas Pesquet rêve déjà de Mars

Stagiaire Le Vif

Thomas Pesquet s’est préparé durant sept ans pour aller dans l’espace. Maintenant que sa mission est terminée, quel avenir pour la spationaute ? Le Français parle déjà de repartir.

Thomas Pesquet a atterri, vendredi passé, sur Terre. L’astronaute français, qui a quitté la Station spatiale internationale après une mission de 197 jours, a fait quelques pas dans la nature. Mais son repos a été de courte durée. Le spationaute doit suivre des examens médicaux et observer trois semaines de réadaptation à Cologne, avant de prendre une semaine de vacances à la fin du mois.

A peine rentré, il est revenu sur son voyage et a confié ses premières impressions de Terrien: « Je me sens bien ». Certes, « quand on n’a pas connu la gravité pendant six mois, chaque mouvement est difficile. Le système d’équilibre ne marche pas très bien ». D’où la nécessité d’avoir, durant les premières heures, des médecins à ses côtés, qui l’ont soutenu, l’ont aidé à descendre les marches de l’avion, etc.

Le retour à la gravité

De retour sur Terre, l’astronaute ne pouvait pas marcher, ses muscles s’étant atrophiés. C’est pour cette raison qu’un programme sportif, médical et scientifique l’attend pour les trois prochaines semaines. Avec l’impesanteur, sa colonne s’est également distendue. Thomas Pesquet devrait avoir des problèmes de dos pendant plusieurs jours. Rien d’anormal selon sa médecin, Brigitte Godard : « Quand ils sont restés longtemps dans l’espace, il y a ce passage de l’absence de gravité au retour de la gravité qui est compliquée. Quand j’entends les astronautes, ce qui me frappe le plus, c’est à quel point ils insistent sur le fait que nous, Terriens, on ne se rend pas compte de ce qu’est la gravité. Pour nous, lever le bras, c’est quelque chose de banal, alors que pour eux, cela devient un véritable effort. C’est pour cette raison qu’on est très prudent à leur retour. Leurs muscles sont très faibles, car ils ne sont plus adaptés à la gravité. ».

Ces six mois dans l’espace l’ont fait grandir

Thomas Pesquet a grandi de quelques centimètres durant sa mission : conséquence de la microgravité. N’étant pas soumis aux contraintes de la pesanteur, le corps n’a pas la charge de son poids à gérer. Sans être constamment tassée, la colonne vertébrale se gorge d’eau, ce qui a pour effet d’allonger la silhouette.

La mission n’est pas finie

La mission « Proxima » de Thomas Pesquet n’est pas encore terminée. Elle ne se limite pas aux six mois passés dans l’espace, et ne se terminera qu’à la fin de l’année, le temps de finir toutes les expériences scientifiques, de physiologie notamment.« Quand on signe le contrat, il est indiqué que notre corps appartient aux scientifiques six mois [après le retour]. C’est quelque chose que je n’avais pas forcément vu en lisant le contrat! », ironise Thomas Pesquet lors de sa première conférence de presse.

Il s’agit en effet de voir comment son corps s’est modifié durant cette période passée en impesanteur, et comment les choses reviennent à la normale. « On a compris que le corps humain s’adapte très rapidement et très profondément à l’impesanteur, explique Lionel Suchet du CNES, l’agence spatiale française. Les scientifiques continuent d’étudier cette adaptation. Ce sera très important pour l’exploration future. Quand les astronautes arrivent au Kazakhstan après leur mission, ils sont immédiatement pris en charge par de nombreuses personnes, car ils sont trop faibles. Un équipage qui partira sur Mars, il n’aura pas toute cette aide ! Il faut donc qu’ils soient dans un état complètement autonome. C’est quelque chose sur lequel il faut encore travailler. ».

Ce mardi, le spationaute a donné sa première conférence de presse

Lors de sa première conférence de presse, le français est revenu sur sa mission à bord d’ISS. L’astronaute décrit sa première bouffée d’air frais depuis six mois comme « une explosion de tous les sens: l’odeur de la steppe, et même le savon où le déodorant des gens, mais aussi les couleurs, j’avais l’impression d’augmenter le contraste de la TV, le vent », etc.

Mais il évoque aussi le sujet climatique, en expliquant regretter la décision de Donald Trump : « J’ai fait l’expérience, avec mes sens, de voir la fragilité de la Planète, de la ressentir ». « Cela m’a donné envie d’inciter les gens à faire plus pour l’environnement. Quand je vois la décision du président américain (…) de sortir de l’accord de Paris, je pense que c’est irresponsable ».

Il rêve déjà de Mars

À peine les pieds sur Terre, Thomas Pesquet songe déjà à repartir dans l’espace. Lors de cette première conférence de presse, le spationaute français de l’ESA a indiqué espérer « retourner dans l’espace assez rapidement » pour relever « un nouveau challenge ».

Mars, un rêve qu’il évoque avec ferveur. Et si rien n’est prévu, pas même un retour éventuel vers l’ISS, Thomas Pesquet reste très confiant, rappelant que les autres astronautes de sa promotion de 2009, dont l’Italien Luca Parmitano, vont retourner sur la Station spatiale. Repartir, c’est peut-être « un peu égoïste par rapport à l’entourage, mais pas complètement, car je suis persuadé que c’est utile, qu’on fait ça aussi pour les autres ».

Océane Cordier

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