Manifestations à Amsterdam 11 mars, en journée © Belga Image

Tensions et crise diplomatique, à trois jours d’un scrutin clé aux Pays-Bas

Le Vif

Déjà dominée par les questions d’immigration et la poussée de l’extrême droite, la campagne électorale néerlandaise a été parasitée ce week-end par la crise avec la Turquie, à trois jours du scrutin législatif.

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« Des décennies de frontières ouvertes, une immigration de masse, pas d’intégration et la double nationalité, et voilà le résultat », tweetait samedi le député d’extrême droite Geert Wilders, en guise de légende à la photo d’une femme voilée prenant un selfie au milieu d’une nuée de drapeaux turcs devant le consulat à Amsterdam.

Geert Wilders, le « Donald Trump des Pays-Bas »?

Le leader d'extrême-droite néerlandais et président du PVV, Geert Wilders invité au meeting du Vlaams Belang, le 4 mars 2016
Le leader d’extrême-droite néerlandais et président du PVV, Geert Wilders invité au meeting du Vlaams Belang, le 4 mars 2016© Belga Image

Alors que les candidats sillonnent le pays pour tenter de convaincre les nombreux derniers indécis avant le scrutin de mercredi, la tension est montée avec l’interdiction faite à des ministres turcs de participer à des meetings pro-Erdogan à Rotterdam, propulsant l’intégration culturelle comme thématique incontournable des débats.

Candidat à un troisième mandat à la tête de ce pays de 17 millions d’habitants, le Premier ministre libéral Mark Rutte tente de repousser Geert Wilders. « Il y a toujours une vraie chance que Wilders soit le plus grand parti quand nous nous réveillerons le 16 mars », au lendemain du scrutin, a déclaré le Premier ministre dimanche à la télévision publique néerlandaise NOS. « Nous l’avons vu arriver avec le Brexit. Nous pensions à minuit (la veille) que cela n’aurait pas lieu. Nous l’avons vu avec Donald Trump », a-t-il ajouté.

Selon les derniers sondages de l’institut Maurice de Hond publiés dimanche, le parti du Premier ministre, le Parti libéral populaire et démocrate (VVD), se hisse à la première place avec 24 sièges crédités sur les 150 que compte la chambre basse du parlement. Mais loin des quarante dont il dispose actuellement.

Le Premier ministre est toutefois sorti renforcé dans l’opinion néerlandaise après les mesures fermes prises suite à l’incident diplomatique avec la Turquie, d’après Monika Sie Dhian Ho, directrice de l’Institut Clingendael à La Haye.

Surfant des mois durant sur la vague anti-immigration en Europe, M. Wilders a lui vu ces dernières semaines son Parti pour la Liberté (PVV) reculer, avec 22 sièges crédités.

Connu pour sa rhétorique anti-islam, l’élu a promis s’il devenait Premier ministre de fermer les frontières aux immigrants musulmans, d’interdire la vente du Coran et de fermer les mosquées.

Et s’il devait ressortir du scrutin comme l’un des plus grands partis du parlement, il deviendrait une voix difficile à ignorer.

Trudeau contre Trump

De son côté, dans une tentative de séduire les partisans du PVV, le Premier ministre a déjà lancé un appel à respecter les « valeurs néerlandaises », à s’y adapter ou à partir.

La semaine dernière, des centaines de personnes se sont rassemblées dans deux mosquées lors de deux événements distincts à Amsterdam et Rotterdam pour exprimer leurs inquiétudes face à la discrimination grandissante qui les frappe selon eux.

Les élections aux Pays-Bas sont d’autant plus observées de près qu’elles seront suivies par deux autres scrutins, en France et en Allemagne, également marqués par la montée de courants eurosceptiques ou anti-immigrés, encouragés par le Brexit.

Mais avec un total de 28 partis et 12,9 millions d’électeurs, les résultats risquent d’être fortement fragmentés et la formation du prochain gouvernement pourrait prendre des mois.

Plusieurs partis ont promis de refuser toute alliance avec le PVV de Geert Wilders.

Les résultats de mercredi devraient ainsi ouvrir la voie à d’importants marchandages dans lesquels les petits partis pourraient jouer un rôle déterminant, comme le charismatique chef de file du parti écologiste GroenLinks Jesse Klaver.

D’origine marocaine, cet homme politique de trente ans est considéré par les analystes comme l’antithèse du député anti-islam. « Mes armes sont l’espoir et l’optimisme », disait à l’AFP samedi Jesse Klaver. « Nous construisons un mouvement qui est plus fort qu’aucun parti aux Pays-Bas. »

Au-delà du traditionnel clivage gauche-droite dans les élections, « nous avons vu un sentiment de division culturelle », a expliqué Mme Sie Dhian Ho, « les Trudeau contre les Trump, les Macron et Hamon contre les Le Pen, et aux Pays-Bas, Jesse Klaver contre Wilders ».

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