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Tanzanie-Rwanda : le torchon brûle entre les deux présidents

Le Vif

Les relations entre la Tanzanie et le Rwanda, tendues depuis le mois de mai, se sont encore détériorées, avec la décision prise par le président tanzanien Jakaya Kikwete d’ordonner l’expulsion de 6.000 ressortissants rwandais vivant illégalement sur son territoire, rapporte mercredi la presse congolaise, qui y voit un « débordement » de la guerre en cours dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).

M. Kikwete « a frappé le Rwanda même si son gouvernement refuse de dire que la mesure ne vise que les ressortissants rwandais. Alors qu’en réalité, elle concerne tous les expatriés vivant en Tanzanie sans document légal, donc en situation irrégulière. Le nombre de Rwandais dans cette situation serait même plus élevé que les 6.000 expulsés, car ils ont commencé leur mouvement de migration depuis 1959 », souligne le journal ‘Le Forum des As’.

A Kigali, on accuse la Tanzanie d’avoir expulsé même des Rwandais légalement installés au pays. Mais, le Rwanda se réserve le droit de saisir la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est (EAC) à laquelle les deux pays font partie et qui impose une procédure en cas d’expulsions massives. Kigali estime que Dar-es Salam l’a violée.

M. Kikwete avait admis au début du mois, dans un message à la nation, que les relations entre son pays et le Rwanda, voisin, traversaient « des moments difficiles ».

Lors du dernier sommet de l’Union africaine (UA) en Ethiopie, à la fin du mois de mai, M. Kikwete avait proposé aux gouvernements du Rwanda, de l’Ouganda et de la RDC de dialoguer avec leurs mouvements rebelles respectifs, dans le cadre des efforts visant à ramener la paix dans la région des Grands Lacs.

« Les relations (avec le Rwanda) sont devenues difficiles après mon conseil au gouvernement rwandais de dialoguer avec ses opposants. J’ai donné le même conseil aux gouvernements du Congo et de l’Ouganda », avait expliqué M. Kikwete.

Mais Kigali refuse obstinément de discuter avec les rebelles hutus des Forces démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) réfugiés dans l’est de la RDC depuis 1994 et dont une partie a participé au génocide de 1994.

« La position du Rwanda par rapport à ce groupe (les FDLR, ndlr) est très claire: le Rwanda ne va jamais négocier avec des individus qui par leurs actions mais surtout par leur idéologie continuent à prôner l’extermination d’une partie des Rwandais. Ça, c’est catégorique », a récemment affirmé la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo.

Le président Kagame avait renchéri lors d’un déplacement dans le nord du pays, accusant son homologue tanzanien d’être le porte-parole des FDLR.

Selon le journal kinois ‘Forum des As’, « la goutte d’eau qui fait déborder le vase, c’est quand le Rwanda lui (à M. Kikwete) demande officiellement de présenter des excuses à Paul Kagame à cause de ses « hérésies » ».

La Tanzanie a en outre dépêché un bataillon de Casques bleus au sein de la nouvelle brigade d’intervention de la Monusco, la force des Nations unies chargée de démanteler les groupes rebelles opérant dans l’est congolais, dont les FDLR et le mouvement du 23 mars (M23).

Selon plusieurs rapports de l’ONU, le M23 bénéficie du soutien du Rwanda, ce que Kigali a toujours démenti.

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