Le barrage de Tabqa. © AFP

Syrie: Tabqa, un enjeu économique et stratégique

Le Vif

La ville syrienne de Tabqa, où des combattants arabes et kurdes ont pénétré lundi, est doublement stratégique: elle constitue un verrou sur la route de Raqa, « capitale » du groupe Etat islamique, et son barrage hydro-électrique est le plus grand de Syrie.

Une reprise du barrage et de la ville, située à 55 km au sud-ouest de Raqa (nord de la Syrie), permettrait aux Forces démocratiques syriennes (FDS) d’avancer vers Raqa à partir du sud pour renforcer l’encerclement du fief de l’EI. Les FDS sont appuyées dans les airs par la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis et au sol par des conseillers militaires américains.

Tabqa se divise en deux; la ville moderne nommée al-Thaoura (la révolution) et la partie ancienne qui continue à s’appeler Tabqa avec son grand marché.

Cette division date de l’établissement du barrage sur l’Euphrate en 1968. Elle comptait 250.000 habitants en 2011 contre quelque 75.000 aujourd’hui auxquels s’ajoutent 10.000 jihadistes et leurs familles, venus des pays arabes, d’Europe, d’Australie et des Etats-Unis.

Le barrage est édifié sur le fleuve Euphrate, qui s’étend sur 2.800 km et prend sa source en Turquie avant de traverser la Syrie et l’Irak. Il est long de 4,5 km, haut de 60 mètres et large de 512 mètres à sa base.

Sa retenue, le lac Assad, s’étend sur 50 km de long et couvre une superficie de 630 km2, ce qui en fait la plus importante réserve d’eau en Syrie avec 12 milliards de m3 d’eau.

Le barrage est tombé en février 2013 aux mains des rebelles syriens. Début 2014, l’EI a pris la ville de Raqa, avant de s’emparer entièrement de la province du même nom.

Hors service

Fin mars dernier, le barrage ne fonctionnait plus après la mise hors service par des bombardements de la centrale électrique.

Selon un responsable, la retenue d’eau n’avait pas encore atteint un niveau alarmant, mais celui-ci risquait de monter si le barrage restait hors service.

L’ONU a mis en garde contre les « implications humanitaires catastrophiques » que pourraient causer toute nouvelle hausse du niveau de l’eau ou tout dommage causé au barrage. « Des inondations à grande échelle sur Raqa et dans (la province de) Deir Ezzor » pourraient alors se produire, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires (Ocha).

Des paysans ont dit leurs craintes de voir l’EI inonder leurs villages en faisant exploser le barrage.

Aide de l’ex-URSS

Le barrage hydroélectrique de Tabqa, appelé barrage de l’Euphrate ou « Al-Thaoura » est pour la Syrie aussi important que celui d’Assouan pour l’Egypte.

Comme ce dernier, il a été construit avec le concours de l’ex-Union soviétique, alliée de longue date du régime en Syrie.

Cette infrastructure, dont la construction a commencé à partir de 1968, a été inaugurée en juillet 1973 sous le mandat du président Hafez al-Assad, père de l’actuel chef de l’Etat Bachar al-Assad.

L’Euphrate est la principale source d’eau potable dans la région, et une nécessité vitale pour l’agriculture et les animaux.

La construction du barrage au niveau de la ville al-Thaoura a permis à Raqa de jouer un rôle important dans l’économie.

Le barrage devait générer 880 mégawatts d’électricité et permettre l’irrigation de plus de 600.000 hectares. Mais de nombreux problèmes, dont la forte salinité des terres, n’auraient permis d’irriguer que moins du tiers.

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