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Syrie : Sarkozy demande à Medvedev de soutenir le plan de la Ligue arabe

La pression internationale sur la Syrie s’intensifie. Pour défendre son partenaire, la Russie durcit le ton. Sur le terrain, l’offensive contre les villes rebelles redouble de violence.

Des promesses et des bombes. Le président Bachar el-Assad a déclaré mardi qu’il allait « coopérer » à tout effort pour la stabilité de la Syrie. Il a même « promis » à son allié russe de faire cesser les violences, au moment où la pression internationale se fait de plus en plus forte sur Damas. Pourtant le régime poursuit l’assaut contre la ville de Homs, cible depuis cinq jours d’une violente offensive.

Le Premier ministre russe Vladimir Poutine a quant-à lui martelé mercredi que la Russie n’accepterait aucune forme d’ingérence en Syrie, appelant les Occidentaux et la Ligue arabe à « ne pas se comporter comme un éléphant dans un magasin de porcelaine » dans ce pays allié de Moscou. Le président russe, Dmitri Medvevdev, a appelé les partenaires de la Russie à « éviter des mesures unilatérales précipitées » en vue de résoudre la crise en Syrie, en particulier à l’ONU, lors d’un entretien téléphonique mercredi avec Nicolas Sarkozy. Le chef de l’Etat français lui a, de son côté, demandé de suivre le plan de la ligue arabe.

Homs pilonnée sans relâche

Des dizaines de personnes ont été tuées mercredi dans un nouvel assaut sur cette ville, haut lieu de la contestation. Les forces de sécurité sont à nouveau intervenues mercredi dès l’aube faisant une cinquantaine de morts, dont trois familles entières tuées dans la nuit, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
« Depuis l’aube les bombardements ont été extrêmement intenses et ils utilisent des roquettes et des obus de mortier », a indiqué Omar Chaker, un militant de Homs joint depuis Beyrouth. Selon lui, les bombardements, apparemment destinés à préparer le terrain à un assaut terrestre, visent surtout le quartier de Baba Amr, où certaines zones sont entièrement rasées.

L’électricité et les communications sont coupées, rapportent l’OSDH et Omar Chaker. Ce dernier a précisé que « la nourriture se fait rare » et que les militants manquent de matériel médical pour mettre sur pied un hôpital de campagne. Les forces armées ont « détruit toutes les infrastructures, bombardé les réservoirs d’eau et les poteaux électriques », dit-il. Au moins 230 civils ont été tués dans la nuit de vendredi à samedi à Homs, selon l’OSDH.

Pression diplomatique

En Egypte, le Parlement a exhorté le gouvernement à dénoncer la répression et décidé de geler ses relations avec le Parlement syrien. La Turquie a annoncé pour sa part le lancement prochain d’une « nouvelle initiative » internationale après le blocage à l’ONU.
Sans aller aussi loin que les Etats-Unis qui ont annoncé la fermeture de leur ambassade en Syrie pour raisons de sécurité, la Belgique, le Royaume-Uni, suivis mardi de l’Espagne, de la France, de l’Italie et des Pays-Bas, ont annoncé le rappel de leurs ambassadeurs pour « consultations ». L’Union européenne est en train de se préparer, à titre de précaution, à l’éventuelle évacuation de ses ressortissants de Syrie et réfléchit à une possible interdiction des vols commerciaux avec ce pays, selon des diplomates de haut rang.

Les monarchies du Golfe ont décidé d’expulser les ambassadeurs de Syrie dans leurs six pays et de retirer les leurs de Damas, alors que les Emirats arabes unis ont annoncé l’envoi « d’une aide humanitaire urgente » aux déplacés Syriens dans les pays voisins.

Les promesses de Damas

Après son veto, Moscou tente de proposer une alternative crédible, note le Guardian . Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, en visite à Damas mardi, a été accueilli en héros par le régime reconnaissant de l’opposition de son pays à la résolution de l’ONU. Ce mercredi, le Premier ministre russe Vladimir Poutine a commenté lui-même le dossier syrien, incitant la communauté internationale à « ne pas se comporter comme un éléphant dans un magasin de porcelaine » en Syrie. »Il faut laisser les Syriens décider eux-mêmes de leur sort. (…) Notre tâche, c’est de les aider sans aucune forme d’ingérence. »

« Le président syrien nous a notamment assuré qu’il s’était entièrement engagé à faire cesser les violences d’où qu’elles viennent », a déclaré Sergueï Lavrov en Syrie. « Il est clair que les efforts pour faire cesser les violences doivent être accompagnés d’un dialogue entre toutes les forces politiques », a-t-il poursuivi. « Aujourd’hui, le président syrien a confirmé sa bonne volonté de contribuer à ce processus ». Selon Sergueï Lavrov, le président el-Assad a « confirmé qu’il était prêt à envoyer une délégation officielle syrienne à une rencontre intersyrienne à Moscou ».

Mais Washington a fait part de son « scepticisme » vis-à-vis de ces promesses. De même, Paris doute. « Je ne crois absolument pas aux engagements du régime syrien », a même déclaré Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, interrogé lors de l’émission « Questions d’info » (France Info/Le Monde/AFP/LCP). « C’est vraiment une manipulation dans laquelle nous n’allons pas tomber », a-t-il ajouté.

Rencontre avec la Turquie

La Turquie oeuvre à organiser « dans les plus brefs délais » une conférence internationale avec les acteurs régionaux et internationaux sur la crise syrienne, a déclaré mercredi son ministre des Affaires étrangères. La Turquie mène une diplomatie active pour mettre en oeuvre « une nouvelle feuille de route » pour la Syrie, a dit le ministre.

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan s’est par ailleurs entretenu mercredi de cette question avec le président russe Dmitri Medvedev. Les deux hommes sont tombés d’accord pour que leurs ministres des Affaires étrangères se rencontrent. A Moscou, le Kremlin a annoncé que le président russe a jugé lors de cette conversation que la recherche d’une solution devait continuer, « y compris au Conseil de sécurité de l’ONU »

Aide à l’opposition syrienne ?

La Maison Blanche a également affirmé « réfléchir à la possibilité » de fournir une aide humanitaire aux Syriens. Le sénateur républicain John McCain a appelé à envisager d’armer l’opposition alors que l’élu démocrate John Kerry a appelé la Russie et la Chine, qui ont opposé leur veto au projet de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU condamnant la répression, à soutenir l’action de l’ONU contre le régime de Bachar el-Assad.

Le Vif.be, avec L’Express.fr

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