© Reuters

Syrie: retour sur une journée décisive à Damas

Un attentat au coeur de la capitale a tué quatre hauts responsables de l’appareil sécuritaire du régime de Bachar el-Assad ce mercredi. Les combats font rage dans plusieurs secteurs de la capitale. Retour sur une journée qui a bouleversé le cours de la révolution syrienne.

Un attentat meurtrier au coeur de Damas

Un attentat suicide « terroriste » a visé mercredi matin le bâtiment de la Sécurité nationale à Damas, a annoncé la télévision officielle syrienne. Le bâtiment, ultra-protégé, se trouve dans le quartier de Rada, dans le centre de la capitale.

L’attentat aurait été mené par un kamikaze -un garde du corps, selon The Guardian- qui « a fait exploser sa ceinture d’explosifs au moment de la réunion » des principaux dirigeants de sécurité dans le bâtiment de la Sécurité nationale dans la capitale, selon une source de sécurité.

Ces personnages clés prenaient l’essentiel des décisions liées à la sécurité

L’Armée syrienne libre (ASL) revendique l’attentat de Damas mais dément la version d’un kamikaze. Un responsable de l’ASL a affirmé sur CNN qu’un « engin explosif a été placé dans la salle de réunion » où les hauts responsables du régime se retrouvaient et qu’il a été « actionné à distance ». Comme l’explique une correspondante de France 24 à Beyrouth, une telle attaque suppose une préparation de plusieurs mois et des connexions au sein des services de renseignement.

L’appareil sécuritaire durement touché


Une bombe a explosé dans une salle de réunion où se trouvaient plusieurs figures majeures de l’appareil sécuritaire du régime. Le ministre syrien de la Défense, le général Daoud Rajha, et le beau frère du président el-Assad également vice-ministre de la Défense, Assef Shawkat, ont été tués dans l’attaque. Ces personnages clés prenaient l’essentiel des décisions liées à la sécurité.
Le conseiller de Bachar el-Assad en matière de Sécurité nationale et chef de la cellule de crise mise en place pour mater la révolte en Syrie, le général Hasan Turkmani, a également été tué lors de l’attentat. La télévision officielle a annoncé que Mohammed Shaar, le ministre de l’Intérieur, blessé dans l’attaque, a succombé à ses blessures.

La bataille de Damas a bien commencé

Les forces du régime et de l’Armée syrienne libre échangent des tirs à proximité du Parlement, dans le centre de Damas. Les chars de l’armée ont entouré le palais présidentiel, où serait retranché Bachar el-Assad, qui se trouve à sept kilomètres à l’Ouest du centre de la capitale. De nombreuses escarmouches ont éclaté à travers la capitale.

Une vaste offensive est en cours depuis que les rebelles de l’ASL ont lancé l’opération « le Volcan de Damas et les séismes de Syrie ». Les combats dans la capitale avaient atteint une violence sans précédent dimanche.

Comment va riposter Bachar el-Assad ?

« Cet acte terroriste renforce la détermination de nos forces armées à nettoyer la patrie des restes des bandes terroristes », a réagi le nouveau ministre de la Défense, Fahd al-Freij . « Ceux qui ont cru qu’en visant certains dirigeants ils pourraient faire plier la Syrie se font des illusions, car l’armée, les dirigeants et le peuple sont plus que jamais déterminés à faire face au terrorisme et à abattre toute personne qui porte atteinte à la sécurité de la Syrie », a-t-il poursuivi.
Un député syrien a également appelé sur la chaîne de télévision officielle « chaque syrien » à « prendre les armes et devenir un soldat ».

Sur le terrain, l’armée régulière continue de pilloner violemment les quartiers aux mains des rebelles. Les hélicoptères mitraillent les insurgés et des snipers ont pris position sur les toits de la capitale.

Les réactions internationales

« L’attentat confirme le besoin urgent d’une résolution » du conseil de sécurité des Nations unies, a estimé ce mercredi le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague. Washington a employé un ton plus alarmant. « Ce qui se produit en Syrie [pourrait se] transformer en un véritable conflit religieux et contaminer des pays voisins, dont l’Irak », a estimé Tony Blinken, conseiller à la sécurité nationale du vice-président américain. La Maison Blanche a estimé que le régime du président Bachar al-Assad était en train de « perdre le contrôle de la Syrie ». Les Etats-Unis ont placé cinq sociétés et 29 dirigeants syriens sur leur liste noire. Pour leur part, les ministres arabes des Affaires étrangères doivent tenir une réunion d’urgence dimanche sur la Syrie.

Moscou et Pékin devant le Conseil de sécurité

Si tous les regards se tournent vers le Conseil de sécurité des Nations unies, la situation sur le terrain semble prendre de court les acteurs diplomatiques. La réunion, qui devait se tenir ce mercredi, a été repousée à jeudi a annoncé l’ambassadeur russe au Conseil de sécurité, Vitali Tchourkine. De son côté, l’ambassadeur chinois Li Baodong précise que les discussions continueront pour trouver « un consensus ».

LeVif.be avec L’Express

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire