septembre Barack Obama et Vladimir Poutine, à l'assemblee des Nations Unies, à New York le 28 septembre 2015 © REUTERS/Kevin Lamarque

Syrie: Poutine ironise sur le « double jeu » des Occidentaux avec les « terroristes »

Le président russe Vladimir Poutine a dénoncé jeudi ce qu’il considère comme un « double jeu » des Occidentaux avec les « terroristes » en Syrie, à la veille d’une réunion avec les acteurs régionaux à Vienne destinée à faire avancer un règlement politique du conflit.

« Il est toujours difficile de mener un double jeu: dire qu’on lutte contre les terroristes et en même temps essayer de se servir d’une partie d’entre eux pour faire avancer ses pions au Proche-Orient et servir ses intérêts », a déclaré M. Poutine lors du forum du Club de Valdaï à Sotchi.

« C’est une illusion de croire qu’il sera possible de se débarrasser d’eux par la suite, de les écarter du pouvoir et de parvenir à s’entendre avec eux », a-t-il poursuivi, dans une claire allusion aux Occidentaux.

« Pourquoi les efforts de nos partenaires américains et de leurs alliés dans la lutte contre l’organisation État islamique (EI) n’ont toujours pas donné de résultats tangibles? « , s’est interrogé le président russe.

La coalition internationale menée par les États-Unis mène depuis plus d’un an sans grand succès des frappes aériennes contre l’EI. La Russie a fait à son tour intervenir en Syrie son aviation en soutien aux forces de Bachar al-Assad le 30 septembre.

La Russie affirme qu’elle cible également l’EI et d’autres groupes « terroristes », mais le Pentagone soutient qu’elle vise avant tout les rebelles qui combattent les troupes gouvernementales.

« Il ne faut pas jouer sur les mots et classer les terroristes en modérés et non modérés. Où est la différence? Sans doute (…) ils décapitent les gens de façon modérée ou avec politesse », a ironisé M. Poutine.

Les chefs de la diplomatie russe et américaine, Sergueï Lavrov et John Kerry doivent rencontrer vendredi à Vienne leurs homologues saoudien Adel al-Jubeir et turc Feridun Sinirlioglu pour s’entretenir de la situation en Syrie.

La diplomatie russe a dit y attendre « de la vérité, de l’honnêteté et de la probité » pour un « échange d’opinions objectif » sur l’instauration du processus politique.

La Russie dément avoir bombardé un hôpital

La Russie a également fermement démenti jeudi les informations d’une ONG basée en Grande-Bretagne selon laquelle un raid aérien russe aurait touché un hôpital de campagne en Syrie, faisant 13 morts.

« Je veux démentir toutes ces informations », a déclaré la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, lors d’une conférence de presse, ajoutant « admirer l’imagination » de leurs auteurs.

L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), basé à Londres, a affirmé mercredi qu’au moins 13 personnes avaient été tuées par une frappe aérienne russe ayant touché un hôpital de campagne dans la province d’Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie.

La clinique a été « considérablement endommagée » par les frappes et deux de ses employés ont été tués, a confirmé une employée de la Syrian-American Medical Society (SAMS), qui gère l’établissement. Elle n’a toutefois pas précisé si les frappes avaient été effectuées par des avions russes.

« De fausses informations citant comme source l’Observatoire syrien des droits de l’Homme sont souvent publiées », a assuré Mme Zakharova. « C’est très commode de rapporter sur ce qui se passe en Syrie depuis Londres, sans se déplacer sur le terrain », a-t-elle ensuite ironisé.

La porte-parole a déploré que « plusieurs médias se servent des informations de cette ONG comme d’une source fiable et solide, même si ces derniers jours beaucoup de ses informations ont été démenties ».

Depuis le 30 septembre, l’aviation russe dit frapper quotidiennement des dizaines de cibles « terroristes » en Syrie, avec l’accord du régime de Damas, dont Moscou est le principal allié. La Russie affirme viser le groupe jihadiste État islamique (EI) et le Front al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda.

Contenu partenaire