Alep © Reuters

Syrie: Poutine, Damas, Ankara et l’opposition annoncent un accord de cessez-le-feu

Le Vif

Le président russe Vladimir Poutine a annoncé jeudi un accord de cessez-le-feu entre le régime syrien et l’opposition armée en Syrie, en proie à un conflit sanglant depuis 2011, ont rapporté les agences de presse russes.

Vladimir Poutine a annoncé jeudi l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu en Syrie à partir de minuit et un accord entre le régime de Bachar al-Assad et la rébellion pour mener des pourparlers de paix avec la Turquie et l’Iran.

Moins de dix jours après la victoire hautement stratégique à Alep de l’armée syrienne, soutenue par les forces russes, des milices iraniennes et irakiennes, le conflit syrien est entré ces dernières semaines dans une nouvelle phase sous l’impulsion de la Russie et l’Iran, parrains de Damas, et de la Turquie, soutien des rebelles.

Après plusieurs rencontres en Turquie entre émissaires russes et représentants de groupes rebelles, la perspective d’un cessez-le-feu, évoqué depuis mercredi à Ankara, a pris forme avec l’annonce de Vladimir Poutine d’une trêve imminente. Cette dernière a été confirmée par l’armée syrienne et Ankara, et soutenue par la Coalition nationale syrienne (CNS), la principale formation de l’opposition en exil.

« Un événement s’est passé il y a quelques heures. Non seulement nous l’avons attendu depuis longtemps, mais aussi nous avons beaucoup travaillé pour nous en approcher », a déclaré M. Poutine lors d’une réunion au Kremlin avec ses ministres de la Défense et des Affaires étrangères.

« Trois documents ont été signés: un premier entre le gouvernement syrien et l’opposition armée sur un cessez-le-feu sur l’ensemble du territoire syrien« , a-t-il indiqué, en précisant que le deuxième portait sur la mise en place de mesures visant à contrôler le respect de la trêve.

« Le troisième document est une déclaration sur la volonté (des parties au conflit, ndlr) de lancer des négociations de paix sur le règlement syrien« , a souligné le président.

Selon son ministre de la Défense Sergueï Choïgou, le cessez-le-feu a été approuvé par « les forces principales » de la rébellion.

Au total, sept groupes rebelles, dont le puissant Ahrar al-Cham, comptant 62.000 rebelles armés ont signé l’accord de cessez-le-feu avec le régime de Damas.

Pourparlers à Astana

Plusieurs accords de cessez-le-feu ont déjà été conclus, négociés par Washington et Moscou, mais ont rapidement achoppé. En revanche, c’est la première fois que la Turquie en parraine un. Cette trêve a par ailleurs été obtenue sans la participation des Etats-Unis, qui se sont désengagés de fait du dossier depuis la chute d’Alep et l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche.

Quinze mois après le début de l’intervention militaire, Vladimir Poutine a par ailleurs annoncé une « réduction » de son contingent militaire en Syrie, tout en soulignant que le désengagement n’était pas total et que son pays allait « poursuivre absolument la lutte contre le terrorisme international » et « soutenir le gouvernement légitime syrien » dans cette lutte.

Le Kremlin avait déjà annoncé en mars un retrait partiel de ses forces militaires sans toutefois le quantifier.

Moscou a annoncé par ailleurs le début de préparatifs pour les négociations de paix qui doivent avoir lieu prochainement, probablement en janvier, à Astana, la capitale du Kazakhstan.

« Nous commençons avec les Turcs et les Iraniens à préparer la rencontre d’Astana », a indiqué le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov sans préciser quels groupes de l’opposition participeraient aux pourparlers en face d’émissaires de Bachar al-Assad et sous le patronage de la Russie, de la Turquie et de l’Iran.

La réunion d’Astana doit précéder des négociations inter-syriennes sous l’égide de l’ONU le 8 février à Genève. Astana n’est pas « une alternative à Genève », selon le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu. « C’est une étape complémentaire ».

La Russie et la Turquie soutiennent des parties adverses: Ankara appuie les rebelles tandis que Moscou, tout comme Téhéran, est un proche allié de Damas.

La coopération russo-turque a accouché il y a deux semaines d’un cessez-le-feu à Alep, permettant l’évacuation de milliers de personnes des quartiers tenus par les rebelles.

Cette coopération s’est intensifiée depuis le réchauffement des relations russo-turques après une grave crise diplomatique due à la destruction d’un avion russe par la Turquie au-dessus de la frontière syrienne fin 2015.

Depuis le début de la guerre en mars 2011, le conflit en Syrie a fait plus de 310.000 morts et poussé des millions de Syriens à l’exil.

Jeudi encore, l’Observatoire syrien des Droits de l’Homme (OSDH) a déploré la mort de 7 civils, dont 3 enfants dans des frappes du régime dans la Ghouta orientale, près de Damas.

AFP

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